Sarah Halimi: Merci Daniel Zagury et Francis Szpiner. Sarah Cattan

Daniel Zagury

Quand on y pense … à froid : C’est incroyable et on doit être la risée du monde ou je n’y comprends rien : Être arrivés à réunir tout un aréopage de gens du métier pour examiner de très près la question de savoir si celui qui avait lynché, fracassé, jeté vivante par la fenêtre en plein Paris, en 2017, une femme parce qu’elle était juive, devait, ou pas, être jugé.

Déguisant la chose sous la question devenue essentielle d’examiner de plus près encore si le discernement du jeune homme était, au moment du forfait, aboli, ou seulement altéré. Se réfugiant encore sous cette autre excuse qu’il était, Bébé de son petit nom, sous l’emprise de substances, consommées en toute connaissance de cause.

Quand donc on y pense, eh bien on peut se dire que la masturbation intellectuelle a atteint ici un degré grotesque : il est vrai qu’il ne faudrait pas, qu’il ne faudrait surtout pas que notre homme fût victime d’une … erreur judiciaire. Et je me prends à penser que son Conseil, et lui encore, devaient remercier les cieux de cette aubaine : cette France si précautionneuse à l’encontre de ces inculpés d’un nouveau type.

Déjà que son état ne lui permettait pas, sans risquer de le mettre en danger (en danger) de participer à une reconstitution…

Bref. La Cour, réunie tout ce mercredi pour évoquer L’Affaire Sarah Halimi, a donné la parole aux experts. Aux professionnels.

Traoré

Il explique qu’il se sentait mal ce jour-là, pourchassé par les démons. Il fume des joints : Ça apaise et ça peut faire délirer… Ça me fait planer. Au bout de 20 minutes, se sentant toujours mal, il va chez les Diarra, traverse le balcon et atterrit … chez Sarah Halimi. Enjamber les balcons, il a l’habitude de le faire, lorsqu’il fuit les policiers, apprend-on.

La porte était ouverte. Je ne l’ai pas reconnue. (Il avait, juste avant, bien reconnu les Diarra)

Il aperçoit le livre de prière qu’il appelle la Torah : Je l’ai vu à côté du chandelier, j’ai imaginé que c’était ça.

Il dit s’être énervé : J’ai commencé à la frapper et je ne me suis pas arrêté. Je ne sais pas pourquoi je l’ai frappée. Je pensais que c’était un démon. Je la voyais se transformer. Je ne l’ai pas reconnue, qu’il répète.

Il ne sait pas pourquoi il la jette du balcon en criant : Elle s’est suicidée.

Il ne nie pas avoir récité des sourates chez Sarah Halimi : il se souvient même lesquelles : L’auditoire apprend qu’il s’agit de Al Fatiha

On apprend alors que ça lui arrive de les réciter, les sourates, l’index de la main droite levé, comme il est recommandé au bon pieux au moment de faire à voix basse les Salutations et les bénédictions. Et on apprend encore, de la bouche même de notre homme, qu’avant les faits, il allait à la mosquée Omar pour les prières quotidiennes tous les jours.

Chacun appréciera: On nous avait jusque là présenté le jeune homme comme fréquentant très épisodiquement ladite Mosquée. Voilà qu’il s’avère être un pratiquant assidu. Et de la Mosquée tristement célèbre de la rue Jean-Pierre Timbaud[1] de surcroît.

Traoré regrette son geste. Il dit mériter un châtiment.

Quand Daniel Zaguri prit la parole

Les experts se sont exprimés. Daniel Zaguri le fit excellement. Premier expert à avoir examiné Kobili Traoré, après avoir expliqué ce qu’était une bouffée délirante due au cannabis, le Docteur Zagury explique qu’on ne peut raisonner en termes d’intentionnalité : Bien sûr qu’il n’a pas pris de la drogue pour tuer Mme Halimi. Il faut se reporter au moment de la prise de toxines. Il ajoute que Sarah Halimi n’a peut-être pas été tuée parce que juive mais que cela avait facilité le passage à l’acte : Les délirants puisent dans l’ère du temps pour développer leurs délires. Lorsque l’on est du côté de Dieu, du bien, c’est plus facile de tuer. Il est fréquent d’observer chez les patients délirants musulmans une thématique antisémite. Tuer un juif c’est être héroïque.

S’agit-il d’un crime antisémite ? La question ne m’a pas été posée mais il me paraît essentiel de donner mon avis.

Et là, après avoir éliminé de façon irrécusable la schizophrénie de Traoré, Daniel Zagury finit héroïquement : S’agit-il d’un crime antisémite ? La question ne m’a pas été posée mais il me paraît essentiel de donner mon avis. Pour le public, si c’est un délirant, il ne peut pas être antisémite. Or, les deux sont tout à fait possible.

Pour info, l’expert qui avait évoqué noir sur blanc dans son rapport l’intention antisémite ne l’avait pas, alors, redit dans ses conclusions. Je me souviens lui en avoir alors fort voulu. Je lui dois ce soir … mille excuses.

Le réquisitoire consternant du Parquet Général

Le Parquet Général, dans un réquisitoire consternant, expliqua que celui qui, à la suite de la consommation illicite connue pour être dangereuse pour la santé, se trouvait atteint d’une bouffée délirante aigüe, ne saurait être pénalement responsable.

Francis Szpiner: Il y aurait une jurisprudence Sarah Halimi! Puisse la Cour rétablir la justice

Francis Szpiner

La chose fit bondir les Parties civiles et Maître Szpiner estima que c’était un blanc-seing que le Parquet général accordait là aux consommateurs de drogue et qu’il y aurait ainsi, en cas de décision d’acter l’abolition du discernement de Traoré, une jurisprudence concernant les fautes commises par celui qui, ayant consommé volontairement ladite substance, se retrouverait dès lors déclaré irresponsable. Puisse la Cour rétablir la justice, implora le Ténor. Ce n’est pas la même chose pour les Parties civiles de savoir que le suspect a été jugé ou qu’il a été considéré irresponsable de ses actes. Dans le respect du droit nous disons que Traoré doit être jugé par une Cour d’Assises.

La Cour rendra sa décision le 19 décembre.


[1] En France, le procès de neuf hommes, parmi lesquels des jihadistes présumés, s’ouvrit le 23 juin 2014. Ils étaient soupçonnés d’avoir projeté des actions violentes en 2010 et 2011 à leur retour en Europe des zones de combat pakistano-afghanes. Ces 9 prévenus ont pour point commun d’avoir assidûment fréquenté la mosquée Omar de la rue Jean-Pierre Timbaud à Paris, mosquée connue pour être, de l’aveu même des services de renseignement, un haut lieu du salafisme radical. RFI. 23 juin 2014. 20 Minutes. Etc…

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6 Comments

  1. La justice ne juge plus selon la justice. C’est clair. Il n’y a donc plus de justice, en tout cas quand des islamistes sont impliqués dans des crimes notamment d’ordre racial.
    Peut-être faudrait-il enquêter sur chaque personne ayant voix au chapitre du jugement (juge, magistrats, avocats de la défense… et quand jurés, idem) dans les procès impliquant des islamistes pour voir si les personnes qui détiennent le pouvoir de la justice dans ces procès-là ne sont pas menacées d’une manière ou d’une autre, et donc terrorisées, elles et leurs familles, pour agir ainsi de manière si insensée, si incompréhensible, en fait si abjecte. Mais il est clair qu’il faudrait alors de gros moyens pour ce faire, ce qui rendrait la tâche de ces démarches en vue de ces vérifications quasiment impossible…

    • Donc c’est clairement le gouvernement qui est responsable en fait. Comme il l’a été lorsque, lors de la dernière manifestation des Gilets Jaunes, les forces de l’ordre ont attendu, VAINEMENT, les ordres qui ne sont jamais venus pour les autoriser à intervenir contre les casseurs gilets noirs qui ont alors tranquillement pu casser, saccager, brûler… Les images télévisées n’ont laissé planer aucun doute là-dessus !

  2. Et, si tout va comme prévu, j’arriverai a Paris le soir du 19 décembre. J’espere contre tout espoir, chere Sarah, que le pire ne sera pas au rendez-vous.

  3. Les actes criminels qui font l’objet du reportage sur lequel j’attire votre attention – https://metro.co.uk/2019/11/27/terrorist-stabbed-two-commuters-lone-wolf-attack-jailed-life-11227859/?ito=article.desktop.share.top.link – sont differents des crimes atroces commmis contre Sarah Halimi

    Il est question ici d’une tentative de meurtre recénte, produite à Manchester, qui a repris un caractère terroriste.

    N’hésitant pas à imposer une condamnation de prison à vie (peine à purger à partir du moment où son état mental serait stabilisé)le meurtrier potentiel, dont le discernment était (peut-être) altéré lors de ses attaques meurtieres, le juge s’est prononcé ainsi:

    Si on résume, en termes généraux, votre maladie mentale ne vous a pas empêché de faire la distinction entre le bien et le mal. Pour ces raisons principales, je conclus que, bien que votre maladie mentale ait apporté une contribution significative, probablement en exacerbant les effets des germes de la radicalisation islamique, ainsi que par suite d’un effet désinhibant, vous avez toujours une responsabilité de vos actes, une culpabilité, qui est substantielle.

    Paroles à méditer – et comportement judicaire qui devrait servir d’exemple pour les magistrats français et être de pratique courante en France.

    (Je m’excuse d’avoir oublier d’ajouter le lien.)

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