Nuit debout et gauche à terre par G. W. Goldnadel

Nuit Debout, l’affaire Panama Papers ou la loi pénalisant le client des réseaux de prostitution sont autant de phénomènes mis en avant par la gauche pour éluder des questions plus importantes telles que l’immigration ou le terrorisme, estime Gilles-William Goldnadel.

Sur la place de la République à Paris, samedi soir.
Sur la place de la République à Paris, samedi soir.

Le système est malin. Il aura réussi à diaboliser la droite pendant des lustres. À la ridiculiser moralement. À la dévaloriser intellectuellement. À coups d’antiracisme obsessionnel. À coups de leçons de morales. À coups de leçons d’économie. À coups d’injures. La plus populaire étant «populiste». Mais rien n’y a fait, à coups de boutoir du réel cruel, la gauche qu’elle se veuille morale, intellectuelle ou révolutionnaire a disparu dans la fosse septique de ses insanités.

Le chômage et l’assistanat institutionnalisés, l’imposition maximale imposée, les délires sociétaux, les impostures démasquées, l’immigration invasive forcée, la sollicitude tournée davantage vers la délinquance qu’envers ses victimes, l’islamisme radical criminel qu’elle a favorisé, auront consacré la faillite intellectuelle et morale de la gauche gauchisante agonisante.

C’était fait, dans un an, règle démocratique oblige, la droite, un peu décomplexée, ramassait ce qui restait de pouvoir là où il était tombé.

Mais c’était compter sans le génial système. Il est malin, je l’ai dit, le système.

La diabolisation ne marche plus ? Tentons la diversion !

La gauche est à la rue ? Qu’elle descende donc dedans !

Quelques milliers de lycéens jadis gâtés mais à présent gâteux suffiront pour épater la galerie médiatique qui ne demande que cela. Ils ne sont pas très nombreux ? Ils sont cornaqués par quelques associations ringardisées ? Pas de problème, qu’ils brûlent quelques poubelles, et si ça ne suffit pas, qu’ils dérouillent quelques flics en plein état d’urgence.

Et si ça ne suffit pas encore pour divertir les pécores, que quelques attardés passent la nuit dehors. Qu’importe encore qu’ils soient une poignée, ce qui compte c’est qu’on ne les compte pas et qu’on soigne le décor. La mise en scène suivra. On dira que c’est la nouvelle démocratie directe. Le contenu n’a aucune importance. Ce sont les nouveaux «indignés». Nul ne s’attarde à prétendre qu’ils aient la moindre idée. Après tout, «indignez-vous !» en était dépourvu ce qui ne l’a pas empêché d’être porté aux nues.

Le système est très fort pour détourner l’attention de la réalité. Ou pour la maquiller.

Les lois sociétales sont sa spécialité. Concernant la dernière, il se sera surpassé. Le trottoir est pavé de ses mauvaises intentions. Et le pouvoir censé terrasser la prostitution. Tout a été dit sur l’amalgame opéré entre le proxénétisme contraignant et violent, largement importé, qu’il convient de réprimer sans pitié et la prostitution librement exercée qu’il faudrait au contraire continuer de tolérer. Mais nos féministes gauchisantes sont incapables du moindre distinguo. La femme aurait le droit de louer son ventre pour la procréation, mais il lui est désormais interdit de le faire pour la prostitution…. La nouvelle loi dépénalise dorénavant le racolage actif mais réprime pénalement le client démarché. C’est la première fois dans l’histoire du commerce, qu’une offre de vente serait autorisée mais qu’un achat serait lui prohibé.

… Le ministre de la justice explique que l’institution est en faillite et que les juges ne peuvent plus juger. La police ne sait plus où donner du képi, mais l’idéologie sotte vient d’inventer un nouveau délit. Les flics débordés ont d’ores et déjà signifié que la traque des bordels ne sera pas effectuée. On voudrait vider l’idée même de loi, fondement de la civilisation humaine, de tout contenu symbolique respectable, qu’on n’aurait pas procédé autrement.

Et c’est ainsi que l’idéologie gauchisante a créé la loi la plus con du monde pour le plus vieux métier.

Sans parler de diversion, la nouvelle affaire de Panama aura apporté à la gauche gauchisante une aimable récréation qui lui permet d’agonir d’injures le système capitaliste international.

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Dans ce contexte hystérique, inutile de vouloir faire valoir que cette affaire arrive à un moment où le secret bancaire est en train d’expirer, que les comptes d’un cabinet d’avocats ont tout de même été sauvagement piratés, que les journalistes se font désormais délateurs empressés, qu’ils jettent allègrement dans une même pâture, des politiciens cyniques corrompus, des fraudeurs fiscaux fuyant l’enfer fiscal et social européen, ou encore des hommes d’affaires n’ayant strictement rien à se reprocher légalement. Et qu’il est donc difficile de se réclamer religieusement du strict droit si on le piétine par ailleurs joyeusement.

Le système idéologico-médiatique, car c’est de lui bien évidemment qu’il s’agit, est futé. Il ne le sait pas mais il est objectivement malin. La dernière créature qu’il promeut s’appelle Macron. L’homme est sympathique et séduisant, mais l’objectivité conviendrait de reconnaître que ses réalisations concrètes sont inexistantes ou presque. Sa plus-value essentielle est de se poser en s’opposant. Son absence de tout préjugé idéologique à l’intérieur d’un gouvernement socialiste condamné au dogmatisme. Il n’existe qu’à l’intérieur de celui-ci, par contraste saisissant. Sorti de lui, c’est un bon élève libéral, sans audace sociétale. À l’heure de la libération des idées et des français de France, Il lui manque l’identité identitaire.

Mais à l’heure où la gauche se meurt, l’idée de promouvoir un homme qui chante à l’unisson qu’il n’est plus ni de droite ni de gauche, peut apporter au système une diversion au moins consolatoire.

Las, au-delà de ce scénario virtuel divertissant, il se pourrait bien que les mitraillettes à barbes ou les bombes à clous, ou de nouvelles migrations invasives et massives, ne rappellent bruyamment au système la dure réalité et les obligations fastidieuses que la démocratie doit au peuple réel.

Source : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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