Nom : Varda. Prénom : Agnès Par Sarah Cattan

Les dépêches se sont succédé en quelques 60 secondes : Agnès Varda Agnès Varda Agnès Varda est morte Agnès Varda est morte. Précisions à venir, qu’ils disaient tous.

C’est quoi ce truc ? Pas elle ! Pas maintenant.

Moi je guettais juste les décisions de 2 procès. Je surveillais la bande de Gaza. C’est pas du jeu. Pas elle.

Précisions à venir. De quoi parlent-ils.

Pour tous, Elle est la cinéaste de la nouvelle vague. Elle est très jeune lorsque Jean Vilar lui demande de devenir la photographe du Festival d’Avignon qu’il vient de fonder. Elle sera aussi la photographe attitrée du TNP de Villeurbanne, ce Théâtre National Populaire dirigé par le même Jean Vilar. Jean Vilar en lequel Agnès Varda disait avoir reconnu ce goût pour un art exigeant est accessible en même temps. Atteindre le plus grand nombre en mettant la barre : c’est ce qu’elle dit avoir appris de Lui.

Ah Si seulement elle pouvait, Agnès, faire école…

Atteindre le plus grand nombre en mettant la barre : c’est ce qu’elle fit avec son premier long-métrage, La Pointe courte, en 1955, où elle filma, à Sète, les déboires conjugaux d’un couple de Parisiens. Tout ça tourné avec un budget réduit. Au sein d’une coopérative. Avant Les 400 coups. Avant Hiroshima mon amour. Avant A Bout de souffle. Oui. Avant Truffaut, Resnais, Godard, La Pointe courte fut saluée comme un film libre et pur, annonçant déjà La Nouvelle vague.

Elle disait, Agnès Varda, s’être inspirée pour ses recherches de Faulkner. Et de Brecht aussi. Essayant de trouver un ton à la fois objectif et subjectif. Un ton qui laissât au spectateur sa liberté de jugement et de participation.

Agnès Varda, photographe. Mais encore plasticienne. Mais aussi l’une des 343. Vous savez, en 1971. Le Manifeste. Elle venait de tourner alors L’une chante, l’autre pas, un film optimiste. Qualifié de par la critique de féministe.

C’est la plasticienne qui sera invitée, en 2006, à investir la Fondation Cartier pour l’art contemporain. L’expo s’appela : L’Île et Elle.

En 2016, pour un projet avec le photographe JR, Agnès Varda fit appel à la générosité publique. S’adressant, à 87 ans, à la plate-forme de financement participatif Kiss Kiss Bank Bank. Le projet débouchera sur le long-métrage documentaire Visages, Villages, qui reçut au Festival de Cannes L’œil d’or, Prix du documentaire 2017.

Cléo de 5 à 7.

Les Glaneurs et la glaneuse.

Visages, villages. Coréalisé avec JR.

Sans toit ni loi

Les plages d’Agnès

Varda par Agnès

Et tant d’autres…

Nous sommes nombreux à être touchés. Infiniment attristés.

Certes son œuvre. Car à son propos, on peut parler d’Œuvre. D’une de nos cinéastes internationalement reconnues. Une des rares Femmes Réalisatrices de la Nouvelle vague.

Mais encore La Femme. Facétieuse. Libre. Infiniment libre. Poétique. Engagée. Audacieuse. Spirituelle. Courageuse. Épicurienne. Géniale.

Celle qui nous laisse encore plusieurs documentaires politiques : de Salut les Cubains à Black Panthers. En passant par Loin du Vietnam. Et plus récemment ses Glaneurs. Où elle nous les fit découvrir. Ces pauvres qui récupéraient dans les champs ou sur les marchés les invendus. Les légumes moches. Les pommes de terre. Desquelles elle disait : le légume le plus modeste, le plus pauvre, celui qu’on ne regarde pas…

Son dernier documentaire, Varda par Agnès, venait d’être présenté au Festival du Film de Berlin. En février. Le mois dernier. Arte nous en offrit la primeur.

Plusieurs lieux portent son nom en France. Des salles de cinéma, des lieux de culture, des écoles, et même une traverse. À Sète.

Il n’empêche que Rue Daguerre, elle manquera. Sa silhouette. Familière.

Les Plages d’Agnès, cet autoportrait en forme de documentaire, nous reste. Et nous parle d’elle.

D’Elle qui nous avait bien dit, avec son Varda par Agnès, qu’elle nous faisait … au revoir…

Il nous reste une œuvre. Ce côté fait maison. Un brin … artisanal.

J’oubliais : Agnès, elle avait confectionné un beau documentaire sur les commerçants de sa rue. Daguerréotype, ça s’appelait.

Voilà. Nous nous serons tant aimés.

Sarah Cattan

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2 Comments

  1. Ce message, que j’ai envoyé à mes proches, dès la nouvelle tombée :
    Clap de fin pour Agnès Varda… Elle m’a appris (avec Marcelline Loridan) qu’humanisme et légèreté peuvent aller de pair. Pour notre intelligence, notre force et notre joie de vivre les yeux grands ouverts, AV 4 ever.

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