La sécurité à Paris, l’autre enjeu des JO

Bien qu’elle ait été largement favorisée par l’abandon à répétition de ses rivales (Budapest, Hambourg, Rome…), la désignation de Paris comme ville organisatrice des Jeux Olympiques de 2024 représente un succès dont il faut se réjouir.

Il s’agit aussi d’un immense défi, dans la mesure où la capitale va devoir combler rapidement un retard considérable, notamment en matière de transports, d’une part et de sécurité, d’autre part. Si l’enjeu des mobilités est traité par l’aménagement du Grand Paris Express et du CDG Express, la question de la sécurité à Paris a trop souvent été négligée par les pouvoirs publics depuis 2007, pour des raisons idéologiques ou purement comptables. Pourtant, la sûreté métropolitaine constitue un élément clef de l’attractivité de Paris et devrait tous nous réunir, au-delà des clivages politiques. Certaines priorités devraient ainsi être suivies.

Premièrement, la préfecture de police de Paris (PP) doit être réorganisée et redynamisée. Avec plus de 40.000 agents (dont seulement 27.000 policiers), la PP accumule un si grand nombre de missions administratives qu’elle finit par écarter ses priorités (sécurité publique, lutte contre le terrorisme). Est-il encore justifié que la PP s’occupe de la lutte contre le saturnisme, des chiens errants ou du fonctionnement des associations ? Alors que tous les indicateurs de la délinquance repartent à la hausse depuis 2012, les effectifs de police de proximité ont baissé à Paris de 10 %, sans que les Parisiens soient régulièrement informés des chiffres de l’insécurité, comme c’est le cas chaque mois à New York ou Londres (en open data !). Dans la perspective des JO, le gouvernement doit donc augmenter les effectifs opérationnels, en lien avec la sécurité privée et la Mairie de Paris, et moderniser les commissariats de l’agglomération parisienne, laissés quasiment à l’abandon jusqu’ici.

Deuxièmement, la sécurité des touristes nécessite l’éradication des filières mafieuses venues d’Europe de l’Est, dont les larcins, l’accaparement des voies publiques et les arnaques en tout genre (vélos-taxis, pétitions bidon…) sont largement impunies. Si le drame humanitaire enduré par les Roms doit mobiliser l’Union européenne, la France doit interdire dans la loi la mendicité de filière, qui ne consiste pas à faire la manche mais à escroquer la charité des passants. Au Danemark, qui n’est pas connu pour être insensible aux fragilités sociales, cette forme de mendicité est désormais réprimée par des peines d’emprisonnement de deux semaines, suivies parfois d’expulsions. Il est temps de comprendre que l’adhésion au Conseil de l’Europe n’exclut pas la rigueur pénale.

Troisièmement, la capitale doit devenir exemplaire dans la prévention des actes terroristes, en mobilisant les citoyens de Paris. Si des progrès ont été faits dans les écoles, nous demeurons des cibles encore trop passives et dépendantes des secours. Face à la baisse massive des moyens dédiés à la garde nationale et devant l’absence de lien réel police-nation, la capitale devrait consacrer des fonds à la formation, sur le modèle de la pédagogie diffusée en Israël. Afin de pallier les défaillances de l’Etat, pourquoi ne pas créer une réserve municipale, qui proposerait d’enseigner à tous les habitants volontaires les gestes à adopter dans une ville soumise à une menace terroriste maximale (premiers gestes qui sauvent, mise à l’abri, alertes, self-defense, maniement des armes…) ?

Evidemment, dans cette mobilisation, le rôle de la Maire de Paris, si rétive aux enjeux sécuritaires, est essentiel. Mais si Anne Hidalgo ne le fait pas pour ses idéaux, alors, qu’elle le fasse pour le succès des JO!

Alexandre Vesperini

Alexandre Vesperini est conseiller de Paris (Les Républicains).

Source lesechos

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