La diplomatie française déraille… aveuglée par la nostalgie du Levant

Les derniers propos de l’ambassadeur de France, Gérard Araud, qualifiant Israël « d’Etat d’apartheid » sont révoltants, choquants, et inadmissibles car ils proviennent d’un diplomate français qui a exercé à deux reprises des fonctions en Israël et connait parfaitement les libertés démocratiques de notre pays.

Cela dépasse grossièrement l’entendement de la part d’un représentant d’un pays qui sous le régime de Vichy avait appliqué volontairement l’Apartheid, la ségrégation forcée des Juifs en les chassant vers les camps de la mort.

Pis encore, rappelons que ce diplomate a failli perdre son poste d’ambassadeur en Israël car il avait osé dire – avant même d’être accrédité – « Sharon est un voyou et Israël est paranoïaque ».

Très irrité par « la connerie » de son nouvel ambassadeur, le président Jacques Chirac avait décidé d’annuler sa nomination ; ce n’est qu’après une intervention personnelle de son ami de longue date, Dominique de Villepin, et suite à des excuses discrètes aux Israéliens, que Gérard Araud remettra ses lettres de créances. On lui avait conseillé sagement : « Avant de t’exprimer devant les Israéliens, tourne ta langue sept fois dans ta bouche… »

Araud n’est pas le seul ambassadeur français se permettant de prononcer des propos vulgaires, très insultants et même antisémites, quand il s’agit de la politique de l’Etat juif. L’ambassadeur de France à Londres, Daniel Bernard, avait déclaré : « Israel is a little shitty country » ce qui veut dire : « un petit pays de merde. »

Est-ce vraiment ce vocabulaire qu’on enseigne à l’Ecole Polytechnique et à l’ENA… pour pouvoir devenir diplomate ?

Depuis plusieurs décennies la diplomatie française déraille, aveuglée par la nostalgie du Levant. L’ambassadeur de France au Liban, Bruno Foucher, explique la logique : « Au Quai d’Orsay, nous avons une conception assez polymorphe du monde arabe, qui comprend non seulement les pays arabes du Maghreb jusqu’au Golfe, mais aussi la Turquie et l’Iran. Paris s’intéresse au monde arabe depuis très longtemps. En tant que puissance méditerranéenne, les Français ont toujours sillonné le Moyen-Orient, dès le XVIe siècle avec François Ier. Les archives diplomatiques, notamment avec l’Empire ottoman, mais aussi les nombreuses littératures sur le Levant, le prouvent. Mais c’est bien le général de Gaulle qui a mis en œuvre ce qu’on appelle aujourd’hui ‘la politique arabe de la France’ ».

Les diplomates français justifient cette politique autour de trois grands axes. Le premier axe consistait à se distancier de la politique américaine dans la région. L’idée est de trouver une 3e voie par rapport aux pays qui ne voulaient ni des USA ni de l’URSS à cette époque. « Il y avait donc tout un espace diplomatique entre ces deux blocs dans lequel la France a agi. »

Cependant de Gaulle n’est plus de ce monde et ses successeurs ont pratiqué sa politique arabe, lâchement et maladroitement, au détriment de l’Etat juif et aveuglement en faveur des Palestiniens.

Emmanuel Macron recevant Mahmoud Abbas à Paris en 2017 (photo Elysée)

La cinquième victoire de Nétanyahou aux dernières élections plonge le président Macron et le Quai d’Orsay dans le désarroi diplomatique. Il a fallu une dizaine de jours pour que le Président français se « réveille du choc » pour enfin féliciter Nétanyahou pour sa victoire…

Face au solide tandem Trump-Nétanyahou, Paris perd la boussole et s’alarme. Après le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem puis la reconnaissance de la souveraineté sur le plateau du Golan, voilà que le « plan du siècle » donne le vertige car il s’avère que l’Etat juif sera probablement renforcé dans des frontières solides et défendables. La France ose aussi intervenir dans les décisions du gouvernement israélien. Hier pour libérer le terroriste franco-palestinien, Salah Hamouri, et aujourd’hui pour ne plus geler les payements mensuels à l’Autorité palestinienne bien qu’ils soient destinés à verser des salaires aux terroristes palestiniens emprisonnés et aux familles des auteurs d’attentats sanglants. Sans oublier les revendications françaises sur les Tombeaux des Rois à Jérusalem…

Quant à l’avenir des relations avec l’Iran, la France toujours s’affole et se dit « déterminée à continuer à mettre en œuvre » l’accord sur le nucléaire iranien et à permettre à l’Iran d’en tirer les “bénéfices économiques” après l’annonce de nouvelles sanctions américaines contre les pays exportant du brut iranien.

On a bien compris, il est donc préférable de s’aligner sur les intérêts d’un Etat voyou plutôt que de soutenir deux alliés occidentaux qui ne cherchent que la stabilité dans la région et à mettre les ayatollahs d’Iran en quarantaine.

En conclusion, nous répliquons crûment aux diplomates français : « il est bien temps, occupez-vous donc de vos oignons ! »

Freddy Eytan, Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org

 

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9 Comments

  1. Ils ne peuvent même pas s occuper de leurs oignons !
    Il y a longtemps que leurs oignons sont pourris. Il est temps de les jeter dans les poubelles…de l histoire…
    La France c’est rance !

  2. « … la diplomatie française déraille… » dites-vous ; je crains qu’il faille hélas penser qu’il s’agit là de ses rails !
    Cette doctrine dure depuis assez longtemps pour faire doxa, et c’est cette doxa qui fait toile de fond aux répugnants comportements dont, par exemple et entre autres, Alain Finckielkraut est la récurrente victime ; mais aussi aux délires et dérives décoloniaux et indigènistes.
    On ne pourra pas faire l’économie d’une dénonciation et surtout d’une critique circonstanciée de cette doctrine, de ses aberrations, de ses fourvoiements si l’on veut lutter contre un antisémitisme de moins en moins larvé puisqu’il y puise une pseudo légitimité.

    • Décoloniaux et indigénistes : la peste brune du vingt et unième siècle. Je ne comprends toujours pas pourquoi la LICRA ne demande pas la dissolution du PIR et d’autres groupuscules crypto-nazis du même genre. Il n’y a d’ailleurs rien à comprendre, si ce n’est qu’on vit au siècle de la folie furieuse, quasi-universelle.

  3. L’ambassadeur, par définition, est le représentant du pays qui l’envoie. Si donc ce diplomate “déraille” sérieusement, alors ça en dit long sur le pays qu’il représente…

  4. J’avoue André Mamou que, lorsque dans le fil des “commentaires récents” j’ai vu votre nom immédiatement après le mien, pour le même article, je me suis demandé ce qui allait encore me tomber sur la tête…

  5. En 2015 Manuel Valls alors 1er Ministre de la France avait évoqué EN FRANCE l’existence d’un apartheid territorial,économique,ethnique.
    Il suffit de vivre en France pour savoir que cela existe aussi
    Aussi car il y a en même temps démocratie et liberté d’expression,réussite des minorités et prisons pleines de minorités , en Israël on lit que telle population éthiopienne est sur représentée dans les prisons , que la pauvreté est plus présente dans certaines communautés, certains villages.

    Que cet ancien diplomate croit ce qu’il dit pourquoi pas?
    En maniant l’invective ou l’injure comme on le voit sur Face Book je me dis qu’on le conforte dans sa pensée univoque .
    Il n’y a pas que du faux mais il n evoque que ce qui l arrange , il utilise une partie de la vérité pour en faire l’info à diffuser c’est le fonctionnement courant
    Il fait partie des thuriféraires de Mediapart Libé Le Monde
    Ces fameux journalistes qui sont les ennemis intimes d’Israël ( plus si affinités)

  6. Il est clair qu’Israël est un pays qui ressemble à aucun autre. Mais dans le contexte du conflit palestino-israélien, parler d’apartheid de la part d’Israël n’est pas juste puisque ce sont les Palestiniens qui refusent de reconnaître Israël et non pas l’inverse.
    Par ailleurs, en France, il n’existe pas d’apartheid, à proprement parler, mais une volonté de non-intégration de la part de certaines communautés avec les conséquences qui en découlent…
    Aujourd’hui les mots perdent leur sens étant utilisés à la sauce de chacun : la sauce Araud, la sauce Valls…

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