Européennes. La lose pour tous. Sarah Cattan

Ils étaient tous là, hier soir, courant de plateau en plateau, comme d’hab.

Ils étaient tous là, hier soir, même si leurs éléments de langage étaient moins insolents que d’habitude.

Ils étaient tous là, assis côte à côte, contraints de la boucler dès qu’un plus connu s’annonçait en direct et prenait donc la main.

Ils étaient tous là. N’avaient pas la mine arrogante de jadis.

C’était un peu la lose pour tous.

C’était l’enterrement des beaux soirs politiques de jadis.

Certes la Marine et son staff arboraient le rictus que l’on sait, mais ils l’avaient un peu mauvaise : avec leurs 23,3 %, ils ne pouvaient même plus réclamer la tête du PR. Lequel ne s’était pas pris le gadin annoncé. Lequel a certainement sablé le champagne : 22,4 % ! Qui l’eût dit !

Le fossoyeur des Partis d’antan

Certes eux aussi étaient là, les hommes de notre Président, vous savez, celui qui a été d’entrée fossoyeur des partis qui ne méritaient, il faut bien le lui rendre, que ça : n’avaient-ils pas, tous, démérité : les deux formations politiques qui s’étaient succédé à la tête du pays pendant quarante longues années, le PS et les Républicains successeurs de l’UMP donc du RPR et de l’UDF, ne faisaient-elles pas désormais à elles deux … 15 % des voix. Qui l’eût dit.

Ils étaient là aussi, ceux d’EELV, qu’on présentait comme la Surprise de Cristina Cordula, ceux qui étaient donc arrivés en 3, ceux que tous en ce lundi matin ils vont essayer de rallier à leur cause. Même que Sibeth et Rapahël ils en parlent déjà … comme si c’était fait.

On s’y perdait un peu. C’étaient les obsèques du PCF, mais sans Robert Hue, lequel avait pris soin de rejoindre LREM.

C’étaient les obsèques du PS, mais sans Ségolène, qui s’était elle aussi ralliée au PR.

Y avait bien Danny, mais non : lui aussi s’était dédit et avait rejoint son Manu.

Y avait encore, partout, Blanquer. Blanquer auquel j’ai failli donner mon estime, mais lui aussi, il était dans son rôle de Grand Soir, il vous balançait que c’était un super score pour un parti tout neuf. Pensez, qu’il disait, ému, tel L’Agneau de la fable, A peine 3 ans.

Et puis y avait Rachida et Nadine, blêmes.

Et puis y avait l’inénarrable Collard, l’odieux et suffisant et vulgaire Collard, qui s’y croyait déjà, et qui, fort du succès du jeunot, se crut autorisé à donner des leçons à chacun, et d’envoyer dans une première salve un lot d’insultes à Cohn Bendit, duquel il convient de se rappeler qu’il était là, cette fois, pour LREM : Même Balkany et la mégère réunis avec Xavière ne nous avaient jamais donné ça. Les deux loustics s’emportèrent avec un naturel confondant. Le Collard fit très fort et nous donna d’entrée l’occasion de vérifier quelle serait la tenue des débats avec nos nouveaux députés.

Y avait plus rien à se disputer : restait un cadavre.

Feue la France que nous aimâmes et que, enfants gâtés, paresseux, légers et imprévoyants, nous avions tous contribué à laisser enterrer. Car nous l’avions bien vu, Lui, là, celui qui nous sert de PR, lorsqu’il l’eut, cette intuition. Ne l’avait-il pas annoncé, quel serait son modus operandi. On y est. Il l’a réussie, son OPA. Il est là. En son Palais. Face à un PS et un LR moribonds après avoir gouverné – alternativement et mal- la France pendant plus de 35 ans. Il était là. Seul. Face à la Peste. Avec laquelle désormais ils se partageaient quelque 50 % des suffrages. La Peste de laquelle il entend nous débarrasser, après l’avoir portée sur le ring, par quelque Croisade dont il croit avoir le secret.

Ce matin est pareil à hier, l’espérance en moins. Ceux qui pensèrent le sortir, lui que les Gilets n’avaient pas réussi à mettre en difficulté, ratèrent leur cible.

Ils se retrouvaient doublement orphelins. Y avait plus de LR. Y avait plus de PS. Et il fallait, double peine, écouter les commentateurs nous dire à l’unisson combien c’était historique, alors même que chacun savait que les Primaires, lors des Présidentielles, avaient déjà sonné le glas des deux formations. A force d’échecs. A force d’affaires. A force de déni. A force d’attachement passionné à un fauteuil plus qu’à un engagement.

Lendemains nauséeux.

Lendemains.

Lendemains nauséeux.

Où sans vergogne un PR annonce, au vu des résultats, que donc il poursuivra le cap. Que l’acte II du quinquennat sera mis en œuvre sous l’autorité du PM. C’est que notre Président peut continuer, tranquillos : n’a-t-il pas fait face, disent les siens, à la crise des Gilets jaunes mais encore à la tendance eurosceptique en vogue. N’avait-il pas dit que … Si on avait d’autres idées, ben il fallait venir gouverner. Il la savait, la faiblesse de l’offre politique en face. Et pourra désormais clamer que le nouveau clivage est Nationalistes versus Progressistes.

 Pendant ce temps, la Peste rêve déjà aux prochaines échéances. Elle, elle s’y voit déjà. On est de retour, répétaient-ils tous hier, Bardella par ci, Bardella par-là, lequel répétait, lui, à qui voulait l’entendre qu’ancien de LR, il s’était barré car … il en avait marre d’être cocu.

Les analystes

Les analystes décomptent tout ça et nous assènent que, à la louche, c’est le peuple des campagnes et des périphéries qui aurait voté RN. Et que les nouvelles bourgeoisies auraient voté LREM ou EELV.

Ils nous disent encore que, dans des quartiers zones prioritaires, le vote RN est arrivé loin devant. Qu’il est ainsi en tête à Aubervilliers. Clichy sous-bois. Montfermeil. Vénissieux. Vaulx-en-Velin.

Hervé Le Bras, chercheur à l’EHESS, a dressé une cartographie de la mobilisation des Gilets jaunes. Ils se seraient mobilisés fortement dans ce qu’il appelle la diagonale du vide, cette ligne qui traverse la France des Ardennes aux Pyrénées. Cet espace fait de départements ruraux où s’est développé à raison un fort sentiment d’abandon. C’est une zone fragile où les services publics, les commerces locaux disparaissent ou ont disparu. Où il y a un sentiment d’abandon, explique-t-il. Et des revendications sans mots d’ordre commun, les uns demandant plus de services publics, les autres moins de taxes et d’impôts, ce qui est irréconciliable…

Ils n’ont pas donné leur suffrage aux 2 listes jaunes, lesquelles ont récolté moins de 1 %… Ils auraient, nous dit Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF, souvent voté pour le RN. Et contre le Président. Un PR qui n’en aurait pas fini avec la crise de la justice sociale : Il ne pourra pas simplement tourner la page et repartir de l’avant, assure l’analyste.

Tous à La Palmeraie

Sans doute après sa saillie en direct sur une chaine de télé, Maître Collard s’en alla rejoindre les siens. Il se dit que l’on dansa jusqu’à tard à La Palmeraie dans le XVème. Au son de Cloclo, Patrick Hernandez, Gilbert Montagné et François Feldman.

Sarah Cattan

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7 Comments

  1. « la loose », Sarah ? C’est en quelle langue ?

    En Anglais loose veut dire « mal fixé » (j’abrège). Exemple : « loose ends » ; approximativement des fils qui trainent, de choses mal finies.
    « Perdre » s’écrit chez nos amis anglophones « to lose ».
    En revanche, se conformer à la prononciation française devrait vous amener à écrire « la louse ».
    Sauf que « louse » en Anglais veut dire « un pou » (eh oui…la bestiole). Et par extension une personne peu recommandable. D’où « lousy » : de mauvaise qualité.

    Bref, « la loose » n’est dans aucune langue.

    Mais “losers”, perdants, ils n’étaient pas TOUS.

    Saluons l’infatigable boxeur, stratège hors pair, toujours debout et vaillant, insensibles aux coups jaunes qui pleuvent de partout, le cap fixé, jamais perdu ; la ligne d’horizon dorénavant dégagée étant l’élection de 2022 qu’il pense gagnée d’avance puisque tous les obstacles sont balayés désormais.

    Il suffira de diaboliser Marine ; vu surtout qu’elle n’a, pas plus que son père, ni envie ni aptitude à gouverner.

    De bonne guerre. C’est in the pocket and watchons le match, comme vous dites en Franglais.

  2. D’après ce que j’en ai entendu lors de cette cuite électorale, les commentaires des journalistes et des politologues étaient aussi pitoyables que ceux des candidats. Le degré zéro absolu de l’analyse politique et sociétale.
    Plus de services publics et moins de taxes serait irréconciliable ? Lorsqu’on sait que la France est la championne mondiale des taxes et que ses services publics sont en total état de déliquescence, tandis que les gabegies vont bon train, on voit mal ce qu’il y aurait d’irréconciliable. Le CICE coûte des milliards à l’Etat, avec un résultat pour le moins discutable. Le service national, mesure complètement inepte dont même certains ministres de Macron ne veulent pas, va coûter lui aussi des milliards à l’Etat. Lequel s’avère être un très mauvais gestionnaire.Les Français souhaitent globalement plus de justice sociale et une meilleure utilisation de l’argent public. Un enfant de 10 ans normalement évolué comprendrait cela.

    Pour se rendre compte de ce que sont nos services publics, il suffit de regarder les chaînes de TV du service public : de merveilleuses machines à décerveler, réussissant parfois même à faire pire que TF1, BFM et autres C8.

  3. En quoi Macron, LREM et leurs alliés politiques sont-ils “progressistes” ????
    Je ne vois pas ce que l’adjectif “progressiste” vient faire avec la macronie. Je ne vois pas davantage ce que l’adjectif “socialiste” a à voir avec le PS, ni ce que les mots “insoumis” ou “de gauche” ont à voir avec la mélenchonie.

    • On s’en fout royalement, Sylv.

      Car sinon on aurait pu demander « en quoi êtes-vous Sylv ? ». Sachant que si l’origine est Sylvie ou Sylvain ou semblable, cela veut dire « bois ». Etes-vous en bois ?
      Ou demander « en quoi LREM est en marche ? ». Voire « vers où marche LREM ? ».

      Il est temps de considérer que Jean-Loup n’a rien d’un loup et que les noms ne servent qu’à faciliter l’échange. Une table ne s’appelle pas chaise car c’est comme ça.

      J’aurais naturellement pu disséquer avec délices l’inanité abyssale de, par exemple, l’appellation « insoumis ».
      Mais je serais en contradiction avec ce que je dis ci-dessus…

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