Elections européennes : Bellamy et Glucksmann – Pierre Saba

Les résultats des élections européennes en France donnent notamment trois enseignements.

Les échecs prévisibles et confirmés des mouvements politiques historiques de Droite (Les Républicains) et de Gauche (Socialistes et alliés) concernent non seulement leurs représentants, leurs militants mais surtout leurs candidats. Or, dans les deux cas, les candidats étaient des philosophes (Bellamy pour la Droite, Glucksmann pour la Gauche). Il est difficile d’éluder la mise en avant de deux philosophes, nouveaux dans la candidature politique, dans des fonctions électorales à haut risque. Le choix de ces philosophes a permis de protéger les chefs de files politiques de la déroute électorale subie lors de ces élections.

La « victoire » revendiquée par le Rassemblement-National (RN) sur la République en Marche concerne une différence de 0.9 points à la faveur du RN. Il s’agit donc d’une « victoire » minime. Par ailleurs , le terme de « victoire électorale » s’adapte à un scrutin majoritaire. Or, le scrutin des élections européennes s’effectue au scrutin proportionnel. Le scrutin majoritaire est un concours avec des gagnants et des perdants. Le scrutin proportionnel est un examen sans gagnant ni perdant. Le terme de « victoire » entendu et lu est par conséquent parfaitement aléatoire dans le cadre des élections européennes.

L’argument électoral consistant à organiser les votes républicains de toutes options politiques en formation de bloquage contre le RN ne fonctionne plus. Il fonctionne de moins en moins aux élections présidentielles au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Il fonctionne encore moins aux élections européennes au scrutin proportionnel. Depuis de nombreuses année, le système de gouvernement du pays consiste à ignorer à tort ou à raison les desiderata de l’électorat du RN puis à lui fermer avec de moins en moins d’efficacité la porte du Pouvoir par la mobilisation de l’électorat hostile au RN. Si ce protocole devait se poursuivre, les « victoires » électorales du RN finiront en triomphe aux élections nationales. Cette (hypo)thèse se révèlerait périlleuse pour l’exercice de la démocratie parlementaire, des libertés publiques, des Droits des minorités.

Pierre Saba

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1 Comment

  1. La démocratie parlementaire ne représente plus le peuple, qui demande un référendum à la suisse, par votations.
    Le seul argument un peu sérieux contre la démocratie directe est qu’elle transformerait chaque scrutin en plébiscite pour ou contre le pouvoir en place; cet argument s’effondre
    quand les scrutins sont fréquents (1 par trimestre),
    qu’ils comportent plusieurs questions,
    que les questions sont élaborées par des élus de plusieurs tendances,
    que les citoyens peuvent proposer des résolutions à soumettre au référendum
    et qu’un comité d’élus a pour fonction de contrôler si les décisions du peuple ont été correctement exécutées par le pouvoir exécutif
    Les grands perdants sont les partis politiques, qui perdent une grande partie de leurs pouvoirs: ils sont d’accord sur la nécessité de le saboter.
    Le peuple, après quelques scrutins, reviendra sur ses erreurs car il a le droit de se tromper (aux yeux des soi-disant responsables politiques) et sera plus responsable.
    C’est ce que je souhaite à mon pays.

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