Contre Benoît Hamon, réhabiliter le travail, par Antony Dodeman

L’élection présidentielle est traditionnellement l’occasion de poser les grands sujets structurants les prochains années de notre gouvernance. Et depuis de nombreuses années, l’emploi est le sujet qui revient sans cesse comme un boomerang. A juste titre d’ailleurs, puisque le chômage reste le principal fléau de notre société, et qu’après la promesse non tenue du futur ex-Président Hollande d’inverser la courbe du chômage, l’exigence des français atteint aujourd’hui son paroxysme. Nous sommes, sans aucun doute, face à la dernière chance, avant que les extrêmes ne prennent réellement le pouvoir !

Anthony Dodeman (Crédits : DR)
Anthony Dodeman (Crédits : DR)

Que dire d’abord de la ligne défendue par Benoît Hamon, lui, qui prône la réduction du temps de travail et le revenu universel d’existence, consistant à inciter celles et ceux qui ne se complaisent pas dans le travail à se la couler douce, via des allocations qui plus est sans contrepartie ! Quel message décourageant pour cette classe moyenne, qui se lève tôt le matin, affronte la galère des transports, travaille laborieusement, pour parfois gagner à la clé pas beaucoup plus que ce revenu « cadeau ».

Le travail, une façon de s’accomplir

Ne voyant dans l’assistanat que très peu de vertus, je crois profondément que le travail est une façon de s’accomplir, car l’effort que l’on met au service d’une tâche à réaliser offre une satisfaction personnelle, lorsque celle-ci est bien faite et porte les fruits escomptés. Le travail éduque, construit, apprend la ténacité, le courage, la modestie, et s’apparente à un vecteur de socialisation. Je partage et fais mienne l’expression biblique: « celui qui ne travaille pas ne mange pas » !

Ainsi, l’un des enjeux les plus cruciaux de 2017 sera le retour à l’emploi, mais cette fois-ci, les paroles ne suffiront plus, il faudra des actes et donc du courage. Le défi du plein emploi doit s’articuler autour de trois grands axes:

1. Donner plus d’oxygène aux entreprises:

Il faut donner les moyens aux entreprises d’embaucher car, qu’on le veuille ou pas, ce sont bien les entreprises qui créent de l’emploi. 3 leviers d’action sont à ce titre possibles:

  • D’abord, une baisse drastique des charges pesant sur les entreprises, qui aura au final de meilleurs effets que les multitudes d’aides à l’embauche déployées ces derniers temps. Aujourd’hui, l’employé qui perçoit 2 000 € brut par mois coûte en réalité à l’entreprise 2 900 €, une aberration « made in France » !
  • Ensuite, une baisse de l’impôt sur les sociétés de 33 % à 25 %, soit la moyenne européenne, qui serait de nature à stimuler la croissance et gagner en attractivité.
  • Aussi, l’incitation fiscale proposée par François Fillon consistant à encourager les français à investir dans les PME innovantes pourrait permettre à celles-ci de se développer, et donc d’embaucher.

2. Développer l’auto-entreprenariat:

Et puis, au delà du salariat, il existe d’autres modèles, peut-être plus adaptés à certains profils, comme le travail indépendant ou l’auto-entreprise, dont l’absence de hiérarchie, la liberté entreprenariale et organisationnelle peuvent s’avérer particulièrement séduisantes. Cette réalité est d’autant plus vraie que la révolution numérique est une véritable opportunité, qui permet aux plus téméraires de monter leur propre boîte. On compte aujourd’hui 1 million d’auto-entrepreneurs, contre environ 500 000 en 2011. Cette dynamique est certes salutaire, mais le statut gagnerait à être renforcé sur bien des aspects:

  • Le régime sociale des indépendants (RSI) : les entrepreneurs, les artisans, ou autres indépendants, sont forcés de cotiser au RSI, qui détient le monopole en France. Ce régime obligatoire peut s’apparenter à une forme de « racket social », en ce qu’il peut exiger le versement de cotisations supérieures au chiffre d’affaires réalisé. Sans compter l’augmentation croissante du nombre d’erreurs et dysfonctionnements du RSI, qui poussent à bout « les prisonniers » de ce système.
  • L’habitation : Comment trouver un appartement en location ou emprunter pour sa résidence principale sans CDI ? Pour les jeunes auto-entrepreneurs, la question se pose. En effet, la protection accrue des locataires poussent les propriétaires à ne prendre aucun risque, en privilégiant les candidats munis d’un CDI. Si les propriétaires pouvaient se séparer rapidement des mauvais payeurs, ils seraient plus flexibles et, en tout logique, moins exigeants. Les banques sont aussi frileuses pour un prêt immobilier, puisqu’il faut présenter au moins 2 ou 3 bilans « très » positifs pour convaincre, alors même qu’une personne en CDI depuis quelques mois peut, elle, emprunter pour se loger. Les indépendants se placent donc dans une situation précaire, lors des premières années, à laquelle il faudra urgemment remédier.

     

3 – Valoriser les métiers manuels et la filière d’apprentissage :

Enfin, il faut se défaire de l’idée reçue selon laquelle la filière générale au lycée offre les meilleures débouchés, ou même, que le travail intellectuel s’oppose forcément au travail manuel. Tout le monde n’est pas issu du même moule (et c’est tant mieux !), et certains plus que d’autres peuvent avoir une appétence plus prononcée pour les métiers manuels et techniques. Aujourd’hui, près d’un jeune sur quatre de moins de 25 ans est sans emploi, en partie car peu formés ou mal orientés.

L’apprentissage est un excellent levier pour former les jeunes et assurer aux entreprises un recrutement de qualité. Ce système leur permet de mettre un pied dans l’entreprise avant la fin de leurs études, les rend opérationnels à l’issue de leur cursus, et leur permet en plus de gagner un premier revenu (une bouffée d’oxygène au passage pour les parents !). Ce n’est pas pour rien que notre voisin allemand a fait de l’apprentissage sa voie d’excellence, et le résultat est sans appel: 3 fois plus d’apprentis qu’en France et un taux de chômage des jeunes 3 fois moindre. Ce modèle est donc à développer fortement.

C’est donc autour de ces changements majeurs que le prochain quinquennat devra se construire. Le travail comme facteur d’intégration, de construction, d’émancipation. Derrière cet enjeu de premier plan, se joue en réalité l’avenir des générations futures, dont la France ne pourra s’affranchir ni de leurs talents, ni de leur esprit créatif.

Antony Dodeman

Secrétaire National Les Républicains

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