Ambroise de Rancourt : “On rigole devant les résultats des Européennes, c’est bien. Mais après ?”

On rigole devant les résultats des Européennes, c’est bien. Mais après ?

Les Républicains réagissent en recréant l’UMP.

Certains Insoumis réagissent en appelant à un retour d’une ligne “de gauche”.

Les socialistes zombies se réfugient dans le rêve d’un retour d’une “gauche républicaine, laïque et sociale” autour de Bernard Cazeneuve. Feuilleton à suivre.

Comme si, face à cette réalité devenue incompréhensible politiquement, chacun se réfugiait contre son doudou, chaud et réconfortant : retour vers le futur. Comme le disait Hamon deux jours avant le scrutin : “Ce qu’il faut, c’est une gauche back to basics”.

Chacun veut croire, dans un élan mû par l’instinct de survie et le besoin de se rassurer, que la solution passera par la stratégie qui le réconforte, et qui lui donne des raisons d’espérer. D’espérer une victoire idéologique, des postes, un peu de pouvoir. Un peu de prise sur le réel, s’il-vous-plaît : on n’y comprend plus rien, on a peur, vous comprenez…?

Pendant ce temps, dans ce concert de litanies, une réalité semble vouée à s’imposer, en tout cas je mets un billet là-dessus : une union des centristes radicalisés et des écologistes compatibles avec le marché. Un pacte nouveau, assez inattendu il y a quelques jours, et qui semble pourtant bien logique, à la réflexion. En effet, les deux totems des blocs concernés, le centriste et l’écologiste, convergent sur un point : la poursuite du processus de transfert du pouvoir politique à des autorités techniques non élues, préservées des aléas de cette saleté de démocratie et de ces foutus électeurs qui ne veulent décidément pas comprendre où est leur intérêt.

Il faut plus d’Europe pour les uns, plus de planification écologique pour les autres. Dans tous les cas : il faut moins de démocratie, et c’est un point d’accord fondamental. Pour les centristes, l’affaiblissement de la démocratie est la condition nécessaire à la poursuite d’une construction européenne sans les peuples, supposément seule capable de nous garantir un avenir prospère et pacifique. Pour les écologistes, ce même affaiblissement est la condition d’une modification structurelle des comportements irresponsables d’individus qui, par leur égoïsme, emmèneraient la planète à la catastrophe si on les laissait prospérer. Dans les deux cas, l’idéologie portée est une sorte de millénarisme 2.0, un rêve technique qui ne saurait s’accommoder des égoïsmes électoraux. En ce sens, le référendum de 2005 était bel et bien prophétique : le début d’une délégitimation continue du fonctionnement démocratique.

Le fait est qu’en 2022, c’est ce ticket centrisme/écologie libérale et mondialiste qui risque de rafler la mise, une fois de plus. La dernière, peut-être ? À moins d’une crise externe majeure – Brexit chaotique, guerre commerciale prenant des proportions démesurées, accélération de l’implosion de l’UE, crise financière d’ampleur comparable à celle de 2008 – Macron sera réélu en 2022 comme Chirac l’avait été en 2002. Le grand clivage à venir est évident, entre partisans d’un retour au cadre national et défenseurs de la poursuite du mouvement vers un gouvernement supranational, guidé avant tout par des motivations économiques et techniques. Je suis convaincu qu’il faudra sans doute un acte II des Gilets jaunes, qui pourrait naître à la faveur des deux grandes réformes à venir (fonction publique et surtout, retraites), pour que la recomposition politique s’accélère au point que chacun fasse le deuil de ses vieilles lunes idéologiques dépassées. C’est la condition pour qu’un bloc démocratique, conservateur et populaire homogène naisse, suffisamment cohérent et affûté pour pouvoir rivaliser avec le formidable (et monstrueux) parti de l’ordre et de l’argent que Macron a réussi à constituer en moins de trois ans.

Sources : Facebook, Ambroise de Rancourt ,                                                   les-crises.fr

Mondran // 02.06.2019 à 08h02

L’Alliance entre les néo libéraux et les écologistes est effectivement très probable. Cela conduira peut-être a une petite accélération du changement dans le mix énergétique (moins d’énergies fossiles et plus dENR) mais rien de fondamental dans les principes des politiques mises en œuvre. Si des changements majeurs surviennent un jour, ils proviendront soit des dures lois de la physique soit de décisions de sauvegarde qui seront prises par les vrais décideurs (les multinationales, les USA, voir la Chine).

Quant a l’alternative proposée par l’auteur, je n’y crois pas ni dans son fondement ni dans sa pertinence. Supposons que cela se réalise, il est certain que les décisions prises seraient encore plus néolibérales que celle actuelles. Notre rapport de force dans ce contexte serait quasi nul. Surtout pour un pays qui n’a plus réellement de champions économiques. Enfin, cette notion de peuple qui est balancée a toute les sauces n’existe plus. La France est désormais une superposition de communautés de fait avec des représentations collectives très éloignées. Les classes sociales supérieures ne partagent plus que très peu avec les classes populaires qui elles mêmes sont très éloignées entre elles. Entre celles des banlieues et celles des zones périurbaines ou rurales. Et plus les difficultés vont s’accroître, plus cette divergence augmentera. C’est la plus grande des victoires du néolibéralisme.

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