Israël : un nouveau Macron à la tête du Parti travailliste

Avi Gabbay, un outsider à l’ascension fulgurante, a pour mission de remobiliser un parti d’opposition en perte de vitesse.

Un «nouveau Macron»: Avi Gabbay, le nouveau patron du Parti travailliste israélien élu lundi à la surprise générale lors de primaires, a eu droit à ce titre de consécration dans les médias. Comme le président français, il a effectivement connu une ascension fulgurante qui a pris de court tout l’establishment politique et la plupart des commentateurs. Avi Gabbay ne s’est encarté qu’en décembre avant de se lancer immédiatement dans la course.

Ses ambitions paraissaient totalement déraisonnables à sept mois du scrutin. Il ne disposait d’aucun soutien des caciques travaillistes, ralliés dans leur majorité à son rival Amir Peretz. Ce politicien chevronné était pourtant soutenu par l’appareil d’un parti en perte de vitesse qui rêve depuis seize ans de reprendre le pouvoir en délogeant Benyamin Nétanyahou, premier ministre de droite jusqu’à présent indéboulonnable.

Un défi qu’Avi Gabbay est pourtant décidé à relever. Il a franchi la première étape, mais le chemin s’annonce semé d’embûches. À 50 ans, arborant une coupe à la Du Glesclin, il a suivi une carrière atypique oscillant entre secteurs privé et public. Issu d’une famille nombreuse et pauvre originaire du Maroc, il incarne l’exemple de la méritocratie locale moteur de promotion sociale. Brillant sujet à l’école, il intègre lors de son service militaire une unité d’élite spécialisée dans l’espionnage électronique et décroche un grade de commandant. Après des études d’économie et de gestion, il rejoint le prestigieux service du budget du ministère des Finances, avant d’intégrer Bezek, le plus grand groupe de télécommunication du pays. Là aussi, il gravit au pas de charge tous les échelons et devient même PDG. Mais cette réussite lui laisse apparemment un goût de trop peu.

Avi Gabbay entre en politique et intègre Koulanou, un parti de centre droit. Il devient ministre de l’Environnement dans le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. De nouveau, il se sent à l’étroit. L’arrivée au ministère de la Défense d’Avigdor Lieberman, un ultranationaliste coutumier de proclamations va-t-en-guerre, le pousse à la démission. Sans attache, il se décide alors de partir à l’assaut d’un Parti travailliste en chute libre dans les sondages, incapable d’offrir une alternative crédible; autrement dit, une formation à bout de souffle.

Un processus de paix

Il dispose d’un atout: c’est un Séfarade, ces juifs orientaux majoritaires dans le pays qui votent traditionnellement à droite. Habilement, il joue à la fois la carte sociale et celle du renouvellement d’une génération de politiciens. Sur la question palestinienne, en revanche, il ne fait guère preuve d’originalité et pratique un consensus assez vague. Il assure que «le conflit peut être résolu» avec la création d’un État palestinien, dont les frontières seraient déterminées par des échanges de territoires permettant à la grande majorité de 400.000 Israéliens installés en Cisjordanie de rester sur place. Mais la question du processus de paix est restée à l’arrière-plan durant la campagne.

Reste désormais à savoir si sa victoire aux primaires constitue un véritable tremplin vers le pouvoir. Selon les sondages, le Parti travailliste sous sa direction n’a aucune chance d’inquiéter Benyamin Nétanyahou, à moins qu’Avi Gabbay parvienne sur sa lancée actuelle à créer une véritable dynamique. Son inexpérience mise en avant par ses nombreux adversaires constitue son principal handicap. C’est d’ailleurs pour combler ce vide qu’Ehoud Barak, ancien chef d’état-major, ex-ministre de la Défense et dernier travailliste à avoir été premier ministre, s’est empressé de se mobiliser en sa faveur, espérant sans doute fournir la caution sécuritaire à Avi Gabbay, et former un «ticket gagnant» pour les prochaines élections prévues, sauf imprévu, en 2019.

Source lefigaro

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