Des lycéens sur la trace des enfants lunévillois disparus

Depuis la rentrée, 34 lycéens de Bichat cherchent à en savoir plus sur la vie des 32 enfants juifs lunévillois déportés pendant la Seconde guerre mondiale.
L’histoire est devenue concrète pour eux en recherchant la trace des 32 enfants juifs (de 2 à 15 ans), déportés de Lunéville. 155 juifs lunévillois ont été déportés. Photo C.S.-C.

Une plaque en plexiglas est apposée sur le bâtiment de l’administration du lycée Bichat. Une plaque avec 32 noms dont la majorité des lycéens n’ont jamais remarqué la présence. Seul un tiers des élèves de la première ES 4 n’était pas dans ce cas. Mais depuis plusieurs semaines, tous connaissent même les noms et certains visages de ces enfants, qui avaient en commun d’habiter Lunéville, d’être juifs, d’avoir été déportés et d’être morts à Auschwitz en 1942 ou 1944.

« Tout est parti d’une formation proposée par le Rectorat aux professeurs d’histoire géographie au printemps dernier, avec une journée au Mémorial de la Shoah à Paris et deux jours à Cracovie. Un séjour financé par l’argent des morts : les fonds en déshérence ont été restitués à un fonds pour la mémoire de la Shoah. Je me sentais redevable. Et c’est important cette passation de témoin », explique Roselyne Barbier, professeur d’histoire-géographie et professeur principale des 1re 4. Elle revient avec l’idée de travailler sur ce thème avec une classe. Le proviseur, Servais Jost, la soutient en lui attribuant cette classe de la série ES, des élèves qui ont quatre heures d’histoire géographie par semaine. Avec Nathalie Babeko, professeur documentaliste, elles suivent une semaine d’université d’été au Mémorial de la Shoah.

Tous responsables d’un enfant

Depuis, les 34 lycéens travaillent à reconstituer le parcours des 32 enfants juifs lunévillois déportés. Chacun se voyant attribuer un enfant ou une fratrie.

« Nous avons trouvé leur date de naissance sur le site internet du Mémorial de la Shoah », explique Ambre. Les actes de naissance ont ensuite été communiqués par le service des archives de la ville de Lunéville. « Nous nous sommes aussi appuyés sur les travaux de Françoise Job, qui a écrit un livre sur le camp d’Ecrouves », ajoute Roselyne Barbier. Et sur le site de Yad Washem, le musée de la déportation de Jérusalem, le livre de Serge Klarsfeld du Mémorial de la déportation des juifs de France « où les personnes sont classées par numéro de convoi ». « On a essayé de faire des recoupements familiaux avec les actes de naissance, de décès, les éléments dans le livre de Mme Job. » Inès a elle contacté la mairie de Duttlenheim pour recevoir l’acte de naissance de Claudine Moïse. Avec succès, contrairement à son courrier envoyé à l’ambassade de Pologne. « Nous avons travaillé sur les morts, c’était un moyen de leur redonner vie », note le professeur. « Et de faire comprendre aux élèves ce que c’était d’être juif à Lunéville depuis la fin du XIXe jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. » Les lycéens ont ainsi travaillé sur la nourriture et ses interdits, l’imprimerie hébraïque de Lunéville, les étapes de la vie juive…

Le témoignage de Mme  Salomon

Ils ont aussi pu rencontrer une Lunévilloise, Mme  Salomon, une ancienne prof d’anglais de la cité scolaire, qui leur a raconté cette période qu’elle a vécue cachée dans la ville, après l’arrestation de son grand-père. Avant la journée dans le camp d’Auschwitz en février, ils ont découvert la semaine dernière le Mémorial de la Shoah à Paris. Des journées financées par le Mémorial de la Shoah, le Rectorat et la région grand Est.

Vendredi, dernier jour de classe avant les vacances, ils recevront Mme  Weisbecker, qui était institutrice à Blémerey. Sa maman a été déportée à Auschwitz et elle, révoquée par Vichy. « Entendre un prof et quelqu’un qui a vécu tout cela, ce n’est pas pareil », souligne Lise.

Corinne SAÏDI-CHABEUF

Source estrepublicain

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