Octave, génie littéraire du Concours général

Jean-Michel Blanquer a remis jeudi les prix du Concours général, destiné à récompenser les meilleurs lycéens de France depuis 1747. Octave Vasseur-Bendel, tout juste 16 ans, a été distingué dans pas moins de quatre disciplines littéraires: premier en géographie et en thème latin, deuxième en histoire et en version latine.

«J’ai la chance d’avoir de très bons professeurs. Et de vivre à deux pas de la librairie Gibert Joseph!», raconte Octave Vasseur-Bendel. – Crédits photo : Collection particulière

«J’ai la chance d’avoir de très bons professeurs. Et de vivre à deux pas de la librairie Gibert Joseph !», raconte cet adolescent au vocabulaire châtié, scolarisé en classe de première littéraire dans le très prisé lycée parisien Henri-IV. Un établissement qui rafle chaque année le plus de récompenses, aux côtés des lycées parisiens Louis-Le-Grand, Stanislas et Saint-Louis-de-Gonzague. Présélectionnés par leurs professeurs, les 17.678 candidats ont été évalués sur des sujets plus exigeants et des épreuves plus longues que l’examen du bac. Ils sont 129 à avoir été récompensés, de la philosophie au chinois en passant par l’artisanat, marchant sur les traces de personnalités comme Baudelaire ou Pasteur.

«Nous avons un mode d’accès très traditionnel à la culture. Nous lisons des livres ! Nous devons même nous battre pour qu’Octave réponde au téléphone»

Les passions d’Octave pour l’histoire ancienne, le latin et le grec sont apparues «progressivement à partir du collège». Il apprécie «le dépaysement» que ces disciplines lui procurent. Ses auteurs favoris, qu’il lit en édition bilingue, sont Thucydide et Xénophon, César, Salluste et Tacite. «J’ai aussi un grand intérêt pour Platon dont la langue est un modèle de littérature.» Il se passionne pour les XVIIe et XVIIIe siècles français, avec «un grand intérêt pour Racine et Musset» dont il loue la justesse d’exposition des «sentiments».

Dans sa famille de brillants juristes – sa mère avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, son père conseiller à la cour d’appel de Paris -, on se cultive «mais nous ne sommes pas des Pic de la Mirandole. Nous n’avons pas ce sens de l’analyse et cette rigueur qu’il a dans ses lectures», raconte son père. Pas ou très peu de réseaux sociaux ou d’Internet dans cette famille: «Nous avons un mode d’accès très traditionnel à la culture. Nous lisons des livres ! Nous devons même nous battre pour qu’Octave réponde au téléphone.»

« ll retient tout ce qu’il lit avec beaucoup de facilité »

Deuxième d’une fratrie de trois garçons, il s’est vite révélé «fin helléniste et latiniste», se souvient son père, «alors que ni moi ni ma femme ne maîtrisons ces langues. C’est un goût spontané, un tropisme naturel». Son succès, il le doit en partie à son excellente mémoire: «Il retient tout ce qu’il lit avec beaucoup de facilité et de précision.» L’adolescent travaille «de façon très concentrée et efficace», mais «pas de façon excessive» puisqu’il réussit aussi à suivre chaque semaine trois activités extrascolaires: guitare classique, chant lyrique et théâtre au Cours Simon.

En primaire, il était scolarisé au cours hors contrat Hattemer, «dont le mode d’apprentissage est très rigoureux». Pour l’entrée en sixième de leurs garçons, les parents ont volontairement déménagé à côté du collège Henri-IV, «excellent établissement public», pour que ces derniers y soient sectorisés. Le résultat est là: l’aîné, Aurélien, désormais en classe prépa scientifique, a également raflé un prix de biologie au Concours général l’an dernier. Octave, lui, souhaite poursuivre, après son bac, en classe préparatoire littéraire «pour devenir chercheur ou professeur».

Cet article est publié dans l’édition du Figaro du 13/07/2018. premium.lefigaro.fr

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

2 Comments

  1. Tout n’est pas perdu pour la France: la culture française, niée par M. Macron, existe toujours, elle reste favorisée par le milieu familial. La réussite d’une jeunesse brillante inspire une fierté fraternelle. Il ne s’agit pas de l’apprentissage de la réussite qui écrase les autres, à la sauce libérale.
    De la même façon, la pratique des échecs en Israël n’est pas un jeu guerrier; cependant, la jeunesse toujours plus grande des champions
    tend à démoraliser les vieux.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*