La justice confirme la restitution d’un Pissarro à une famille spoliée sous l’Occupation

La Cueillette des pois a été volée pendant l’Occupation à Simon Bauer, un collectionneur juif. La cour d’Appel a confirmé que la toile appartenait à ses descendants, et non pas à Bruce Toll, qui l’avait acquise en 1995.

«La cueillette des pois» 1887. Tableau de Camille Pissarro de la collection Simon Bauer spoliée durant la Seconde guerre mondiale. COMMONS.WIKIMEDIA.ORG

La cour d’Appel a confirmé, mardi après-midi, la restitution à la famille Bauer de la Cueillette des Pois, un Pissaro volé à Simon Bauer, à Paris, en 1942. L’affaire oppose les descendants de Simon, en la personne de Jean-Jacques Bauer, son petit-fils, et les époux Toll, des collectionneurs américains.

Elle démarre en février 2017, moment où le musée Marmottan, à Paris, organise une grande rétrospective consacrée à Camille Pissarro. Parmi les soixante-quinze chefs-d’œuvre présentés, se trouve La cueillette des pois (1887), œuvre prêtée par Bruce Toll. Ayant fait fortune dans l’immobilier, l’homme d’affaires a acquis en 1995 cette toile en vente publique, à New York, pour un montant de 800.000 euros. Il l’a déjà prêtée à plusieurs reprises. Mais cette fois-ci, Jean-Jacques Bauer la repère.

Et pour cause: l’homme recherche depuis maintenant cinquante ans la collection de son grand-père, spoliée sous l’Occupation. «En 1943, un administrateur du gouvernement de Vichy a fait irruption dans l’appartement de mon grand-père, se rappelle-t-il. Il a embarqué tout ce qui avait de la valeur». Simon Bauer est par la suite déporté, et l’administrateur revend la collection sous le manteau. Après guerre, Simon Bauer mettra tout en œuvre pour récupérer ses biens, avant de décéder en 1947. Et c’est Jean-Jacques qui reprendra le flambeau, dans les années 60. Il n’a, depuis, eu de cesse de retrouver la collection de son grand-père.

Fin février 2018, il charge son avocat maître Fisher de lancer une procédure judiciaire contre les époux Toll. La Cueillette des pois est mise sous séquestre, au musée d’Orsay. Depuis, les deux camps s’affrontent. Devant le TGI de Paris, en mai dernier, Bruce Toll s’est dit «de bonne foi». «L’histoire française ne me concerne pas» a-t-il indiqué, en suggérant que Jean-Jacques Bauer se retourne «contre l’État français», plutôt que contre lui. Mais Bauer s’appuie sur l’ordonnance de 1945 qui déclare «la nullité des actes de spoliation accomplis par l’ennemi ou sous son contrôle». «Contrairement à ce que prétend Bruce Toll, je ne suis pas intéressé par l’argent» indiquait-il au Figaro, en mai dernier «ce que je veux, c’est obtenir justice pour mon grand-père».

Mardi, Jean-Jacques Bauer a remporté une bataille, mais il n’a encore gagné la guerre. Car les époux Toll vont se pourvoir en cassation.

Source : lefigaro.fr

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