Roman Polanski tourne « L’affaire Dreyfus »

Deux cent quarante figurants portant moustache, deux cents techniciens, quinze comédiens, une salle d’audience gigantesque réquisitionnée, des robes de juges et d’avocats d’époque… La semaine dernière, les habitués de l’ancien Palais de Justice de Paris, sur l’île de la Cité, ont eu quelques échos du tournage du film “J’accuse”, consacré à l’affaire Dreyfus – révélée en 1898 par le célèbre article d’Emile Zola dans “l’Aurore”. Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski, qui lui-même n’en a pas terminé avec la justice américaine et l’interminable affaire Samantha Geimer, rêvait depuis des années de porter à l’écran cette grande erreur judiciaire française. Ce sera chose faite fin 2019. La sortie en salles du film, produit par Légendaire, est programmée au mois de novembre.

Dernières séquences du tournage parisien, les scènes filmées au Palais de Justice de Paris ont nécessité quatre jours de travail et se sont concentrées à l’intérieur de la première chambre de la cour d’appel, immense décor qui accueille ordinairement les prestations de serment des avocats ou des magistrats, et qui a été le théâtre de plusieurs grands procès.

A la barre des témoins, Jean Dujardin dans le rôle du commandant Picquart, ministre de la Guerre convaincu de l’innocence du capitaine. Sur les bancs des avocats, Denis Podalydès dans le rôle du pénaliste Edgar Demange. Fernand Labori, l’avocat de Zola, sera incarné par Melvil Poupaud. Alfred Dreyfus est quant à lui joué par Louis Garrel.

Le réalisateur s’est appuyé sur le best-seller de l’écrivain britannique Robert Harris (“D.”, publié en 2013), et le ministère de la Justice français, qui a loué contre redevance ce décor réel à la production, a discrètement veillé au grain pour que la rigueur judiciaire ne soit pas oubliée.

Grâce à de pointus spécialistes de l’histoire des prétoires, il a été prêté attention au placement des acteurs (ministère public, président, avocats) mais surtout aux accessoires. Dans le livre, le président use en effet d’un marteau en bois pour frapper sa table et réclamer le silence dans la salle. Dans le film, l’iconoclaste outil a été retiré. Le marteau demeure réservé aux justices anglo-saxonnes. Les magistrats français n’en possèdent pas.

Alain Chouffan

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4 Comments

  1. Picquart a été à l’époque le seul militaire ayant eu le courage de prendre la défense du capitaine Dreyfus. Quand on connaît l’histoire de Dreyfus, on se rend compte que c’était non seulement un patriote mais également un homme d’une absolue intégrité, et totalement dépourvu de haine. Je ne peux m’empêcher d’établir un rapprochement avec Alain Finkielkraut, lui aussi aimant la France et la République, lui aussi pourvu d’un naturel bienveillant, et devenu la cible de tous les individus tarés existant aujourd’hui dans notre société.

    • Le capitaine Dreyfus servait fidèlement la France , il a été accusé injustement de traîtrise , dégradé publiquement , condamné .Emile Zola a pris sa défense en écrivant “J’ACCUSE” . Aprés sa réhabilitation , Alfred Dreyfus a dû reconstruire sa vie .Il n’y avait pas de rancune dans son coeur . Cela mérite bien un film n’est-ce-pas ?

  2. Quel’qun pourra-t-il confirmer ou infirmer ce qui suit: en plus d’être juif, Dreyfus était polytechnicien,… et les saint-cyriens voyaient d’un mauvais œil les X placer les leurs dans les services de l’état major. A la haine raciale serait venue se superposer une affaire de rivalité entre grandes écoles.

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