Le réalisateur de cinéma Yvan Attal à l’Université de Tel-Aviv

L’acteur et réalisateur français Yvan Attal était le 21 septembre 2016 sur le campus de l’Université de Tel-Aviv, à l’initiative de l’Association des Amis francophones de l’Université et de sa déléguée générale Agnès Goldman, pour l’avant-première en Israël de son dernier film, “Ils sont partout”.attal-univ-tel-aviv

La projection, réalisée en coopération avec la société de distribution United King, s’est déroulée en présence du consul général de France en Israël Franck Vermeulen, ainsi que de l’attaché de coopération scientifique et universitaire, Sébastien Linden, l’attaché audiovisuel de l’Institut français d’Israël Bertrand Le Delezir, la représentante de l’ambassade de Belgique Yael Schneerson, et un nombreux public francophone israélien venu rencontrer le cinéaste. Autre invité d’honneur présent dans la salle, le chanteur français Gilbert Montagné, qui vient de faire son alyah en Israël, avec son épouse Nicole.

Le film a été suivi d’un passionnant dialogue avec le public, unanime pour souligner le courage du cinéaste, au cours duquel celui-ci a pu expliciter son but et ses objectifs, ainsi que les difficultés auxquelles il s’est heurté, ses déceptions et ses espoirs.

” Ce qui caractérise l’antisémitisme, ce sont les clichés dont il se nourrit. Raconter une histoire ne m’aurait pas permis de les aborder tous et donc de résumer ce que j’avais envie de dire sur le sujet”, a-t-il expliqué en réponse à une question du Prof. Ruth Amossy qui l’interrogeait sur son choix d’une structure par sketchs et du genre de la parodie et d’un style comique très appuyé. “Quant à la comédie, c’est plutôt ma nature. C’est un sujet sensible que j’ai voulu aborder sous un aspect apparemment léger, le personnage névrosé apparaissant entre les séquences me permettant de ne pas rester uniquement dans la farce et de replacer le film dans le contexte actuel”.

“J’ai du me battre pour faire le film que j’avais envie de faire”

Une des questions du public a évoqué la scène de la fin du film, où le cinéaste, qui joue son propre rôle sous la forme d’un protagoniste juif bourgeois de gauche et parisien en séance chez son psychologue, tend la main à un homologue musulman imaginaire avec lequel il s’identifie. “Quand on fait un film on a une responsabilité”, répond Yvan Attal. “Il ne faut pas oublier que je l’ai terminé juste avant l’épisode de Charlie Hebdo, qui a changé la donne en France. Quand j’ai écrit mon film, j’étais ‘à une autre époque’. Je me disais alors qu’il y avait des dangers dans ce pays et j’avais un vrai désir de tendre la main. Je ne voulais pas désigner des antisémites mais seulement parler des clichés de l’antisémitisme. Issu d’une famille juive d’Algérie, je suis un juif arabe. Je ne peux m’empêcher d’avoir cette proximité avec les musulmans. Je tends ma main naïvement, mais je me dois de le faire”.

Réagissant à l’une des questions du public sur l’antisémitisme musulman, soutenant que les clichés abordés dans le film étaient désuets, il répond: “Les réactions à mon film se sont partagées entre ceux qui pensaient qu’il était exagéré, et ceux pour qui s’est un ‘bisounours’ sur l’antisémitisme. Mais c’est mon film, celui que j’ai eu envie de faire”.

Il aborde également le combat solitaire qu’il a mené pour diffuser “Ils sont partout”: “J’ai fait ce film pour moi. Il a été une vraie souffrance depuis le début. Personne ne comprenait à quel point j’avais besoin de ce film. Beaucoup de personnes ne comprenaient pas de quoi je parlais, ne saisissaient pas l’ironie. Les gens ne sont pas forcément concernés par l’antisémitisme Il n’a pas été bien compris, et j’ai dû me battre pour faire le film que j’avais envie de faire. Aucune chaine française ne l’a acheté. J’ai découvert un antisémitisme encore bien plus complexe que celui que je soupçonnais auparavant, de la part de personnes d’un bon niveau d’éducation, des journalistes etc…les questions qu’on m’a posées m’ont bouleversées. Mais je suis finalement très content de l’avoir fait. Je ne sais pas encore comment ce film va me transformer, mais je sais qu’il m’a bousculé”.

A la question sur le lien entre antisémitisme et antisionisme – “l’antisionisme n’est-il pas devenu le nouveau visage de l’antisémitisme,” –  il répond: “C’est exactement ce que j’ai voulu dire dans mon dernier sketch, lorsqu’on voit un avion s’abattre sur la Tour Eiffel, après que les Français aient votés dans leur grande majorité pour devenir juifs. Une France devenue juive serait forcément attaquée”.

“Ici, j’ai compris pourquoi j’ai fait ce film”

Concernant les perspectives d’avenir pour les Juifs de France, il répond: “J’ai cinquante ans et trois enfants. Je me pose des questions comme tous les Juifs de France. Mais j’ai une nature optimiste, j’aime la France, et en plus, aujourd’hui, il y a Israël. Ici, j’ai compris pourquoi j’ai fait ce film.  Je pense qu’Israël en est encore à sa guerre d’indépendance et qu’un Etat juif pose des problèmes à beaucoup de gens”.

Comme une bonne partie des Juifs de France, il reste pris entre son amour pour ce pays et la sensation de chez-soi qu’il ressent en Israël: “J’aime la France, j’aimerais que les gens comprennent ce que vivent les Juifs de France qui se sentent seuls et partent. Mais je me rends bien compte de la respiration que je prends quand j’arrive à Tel-Aviv”.

Enfin, il conclue en réponse à une personne du public qui lui demandait où il trouvait sa motivation, malgré les aléas qu’a connus “Ils sont partout” : “J’ai l’espoir que dans dix à quinze ans, ce film sera un repère pour la France”.

Aucun doute que l’accueil que lui a réservé le public francophone israélien, parmi lequel il a visiblement ses fans, aura fait chaud au cœur du cinéaste.

Source ami-universite-telaviv

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