Ivry sur seine, son voeu tout pourri et le rabbin Suliman, par Sarah Cattan

Moi, contrairement à l’UJPF, je me sens représentée, voire protégée, par le BNVCA, plus que jamais sur tous les fronts. Alors, quand Sammy Ghozlan, son Président, me demande de rencontrer le rabbin d’Ivry sur Seine, je le fais.

Il s’appelle Daniel Suliman, le rabbin d’Ivry sur Seine, et il conteste la déclaration du Maire selon laquelle la ville entretiendrait de bons rapports avec la communauté juive. A preuve, il s’est opposé à la présence à la syna de Philippe Bouyssou, le maire PCF. Pourquoi cette année, me direz-vous, puisque le Conseil Culturel juif du 94 nous dit que jamais depuis 18 ans la mairie n’a  répondu aux invitations ni n’a eu l’élégance de s’excuser.

Alors Daniel Suliman, quand soudain le Maire annonça qu’il honorerait de sa présence la communauté juive pour Rosh Hachanah, eh bien il s’est fendu d’un discours expliquant qu’un antisémite qui insultait systématiquement Israël n’était pas le bienvenu au sein de la syna et demandant aux membres de sa communauté de sortir si  l’élu PCF se présentait. Ce que ce dernier ne fit pas.

Il ne veut plus fermer les yeux, courber l’échine, faire comme si de rien n’était, le rabbin de la ville, écœuré qu’il est par le positionnement de cette Mairie où fleurissent banderoles pro-palestiniennes, appels au BDS, soutien à Barghouti, et il s’inscrit en faux contre sa ville d’Ivry sur Seine, laquelle ose se présenter comme messagère de la paix. Il interpelle l’élu, lui demandant pourquoi depuis dix ans les liens avec la Palestine sont ainsi accentués, pourquoi cet acharnement à subventionner et envoyer des délégations en Palestine, pourquoi cet  acharnement anti-israélien et ce silence sur la Syrie ou Boko Haram, n’acceptant pas comme caution que sa ville serait exempte de tout soupçon d’antisémitisme sous le prétexte qu’elle aussi commémorait les morts d’Auschwitz. Après avoir vendu et véhiculé cette image diabolique de l’Etat hébreu.

Fermer le grand robinet

Daniel Suliman, il veut fermer le grand robinet qui permet, sous prétexte de critiquer la politique israélienne, de surfer de l’antisionisme à l’antisémitisme, et il apparente à de la diffamation l’image  ainsi véhiculée de l’Etat hébreu, l’acharnement sur une communauté qui, il le rappelle, récite à chaque shabbat la Prière des Juifs de France pour le salut de la Patrie.

Daniel Suliman, il dit qu’il n’est pas seul, mais que trop de membres de la Communauté ne veulent pas ouvertement se positionner et renoncer ainsi à des avantages. Alors il lance un appel aux hommes de bonne volonté, il interpelle Meyer Habib, il veut dénoncer les élus communistes mais surtout, il en appelle à une loi. Oui il sait qu’une loi déjà interdit le BDS et qu’une autre sanctionne l’antisémitisme. Lui, il appelle à une loi qui fixerait des limites aux maires, supposés gérer la vie locale au lieu de diaboliser Israël : Elle concernerait ces élus communistes et verts qui s’acharnent sur nous, dit-il, ajoutant : depuis qu’il existe une loi interdisant les crottes de chiens, eh bien il y a moins de crottes de chiens. Cette loi interdirait la diabolisation d’Israël, et pourrait être votée par la Cour européenne.

Cette semaine, grâce à la plainte déposée par le BNVCA, Ivry sur Seine est renvoyée devant la justice. Faute à ses appels incessants, par la voix d’Atef Rhouma du groupe Convergence citoyenne Ivryenne, au boycott des produits fabriqués dans les colonies. Convoqués ce vendredi à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, le Maire  et trois adjoints devront répondre de propos tenus lors du vote d’un vœu fin 2016. Pour la petite histoire, les quatre élus ont osé demander en séance ce jeudi la prise en charge des frais de justice, tel qu’il est prévu pour les victimes, oublieux que eux vont se présenter au Tribunal en qualité d’accusés, attaqués qu’ils sont pour provocation publique à la discrimination et dès lors sommés de s’expliquer sur des propos tenus l’an dernier, le 20 octobre 2016 précisément, lorsqu’en séance, un vœu de la majorité promouvait le boycott de produits issus des colonies israéliennes, pour une paix juste et durable au Proche-Orient. Oublieux que leur vœu était illégal, en vertu d’un arrêt de la Cour de cassation qui interdit le boycott d’Israël. Même le Préfet s’en mêla, estimant que le vœu excédait l’intérêt local. Lequel vœu fut annulé en juin, mais la mairie faisant appel de ce qu’elle qualifie d’atteinte intolérable à la liberté d’expression.

Messagère de la paix !

Encore pour la petite histoire : nous sommes au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Nous sommes cinq jours après la tragédie. Eh bien, Atem Rhouma, en plein Conseil Municipal, déclara que Daech n’attaquait pas nos valeurs, notre culture ou notre goût de la fête, mais attaquait une France qui participait à la mort de centaines de milliers de civils. Alors ? Croiriez-vous que Philippe Bouyssou, le maire communiste, allait se désolidariser de propos qui scandalisèrent l’assemblée ? Que nenni. L’élu de la ville messagère de la paix refusa, arguant que ces positions relevaient de la liberté d’expression.

Les voilà accusés. Le boycott d’Israël est réprimé, résume Maître Julien Bensimon, et l’amalgame a une incidence directe sur la communauté juive de France.

Voilà où mène la haine antisémite, et des voix sages telles celle du député Jean-Luc Laurent, RMC, ancien maire du Kremlin-Bicêtre, si elles se disent à raison  favorable à une diplomatie volontariste de la France, pour faire pression sur Israël, arrêter la colonisation et revenir aux négociations avec les Palestiniens, considèrent le vœu d’Ivry comme une faute qui importe le conflit israélo-palestinien en dressant des Français les uns contre les autres. Militer pour la paix, ça n’est pas brûler le drapeau israélien, argue Jean-Luc Laurent.

Ivry sur Seine blanche colombe. Messagère de la paix. Qui soutient la libération de Marwan Barghouti et celle de Sala Hamouri. La Justice tranchera. Les élus Républicains et socialistes auront-ils eu raison de refuser de voter pour le vœu, cet acte qui selon eux ne relevait pas de la compétence d’un Conseil municipal ? Plus encore : les quatre élus ne seront-ils pas reconnus coupables d’un acte d’apologie à une incitation illégale au boycott.

Sarah Cattan

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