Quand le off d’Avignon fait l’hagiographie posthume de l’assassin de Toulouse Montauban

Lettre à Monsieur Yohan MANCA (metteur en scène) et à Monsieur Mohamed KACIMI (auteur)
Paris, le 11 juillet 2017

Messieurs,

Nous avons appris que dans le cadre de la programmation du off d’Avignon, vous proposez un spectacle intitulé «Moi, la mort je l’aime comme vous aimez la vie», dont ce sera ce soir, la dernière représentation. Il s’agirait d’un spectacle librement inspiré des échanges entre d’une part l’assassin des soldats de Toulouse et Montauban et des enfants et père de l’école Ozar-Hatorah, et d’autre part, les forces de l’ordre la nuit précédant l’assaut qui allait mettre un terme à l’entreprise criminelle. Si nous avons bien compris, le propos serait de proposer un portrait plus «humain» du criminel qui se débarrasserait du masque du «monstre».
Nous qui avons la responsabilité de porter la voix de ceux qui ont péri à Toulouse et Montauban et celle de leurs familles, nous considérons qu’une telle entreprise de réhabilitation dans le contexte que nous traversons sous couvert d’alibi culturel est une honte et un déshonneur. Nous vous demandons d’y renoncer.
En effet, nous savons que les propos qui ont inspiré jusqu’au titre de votre spectacle font partie intégrante de la propagande du terroriste et donc de l’entreprise terroriste elle-même. Au plan juridique, la question d’apologie d’acte de terrorisme mériterait d’être posée, même par le fait d’une œuvre dont ce n’est certainement pas le but.
Vous ignorez sans doute que la plus importante cellule djihadiste, dite de Cannes-Torcy, vient d’être jugée à Paris ; que ses auteurs ont déclaré avoir voulu tuer des Juifs par imitation et adoration de l’assassin susmentionné, raison pour laquelle ils ont, six mois jour pour jour après l’attentat contre l’école Ozar-Hatorah, jeté une grenade contre une épicerie cachère à Sarcelles.
Bien sûr, nous ne saurions vous assimiler à d’apprentis terroristes. Mais nous déplorons que, comme eux, vous entreteniez une fascination morbide pour ce criminel, ce qui participe de la promotion de ce que vous voulez probablement dénoncer.
Surtout, les complices survivants de l’auteur des tueries de Toulouse-Montauban seront jugés à Paris dans quelques semaines. Notre seul but, défendant ces familles endeuillées, est que l’assassin n’ait pas le dernier mot, ce qui est l’exact contraire de l’objet de votre entreprise.
Nous n’entendons pas solliciter par la voie de l’urgence, comme la loi nous y autoriserait pourtant, de mesure d’interdiction de ce spectacle. Compte tenu du contexte et du calendrier ci-avant explicité, nous vous demandons de renoncer de votre propre chef par mesure d’humanité et d’égard pour ceux qui ne peuvent supporter d’entendre encore et encore l’assassin étaler sa haine et sa folie, à la dernière représentation prévue pour ce 11 juillet.
Produiriez-vous ce spectacle, comme si de rien n’était, malgré notre protestation que vous vous rendriez responsables d’un crime supplémentaire, bien que non réprimé par le code pénal : celui de vous trouver dans la position peu enviable d’être l’exécuteur testamentaire de l’assassin.
Dans l’espoir d’une réponse positive, nous vous prions de croire en l’expression de notre respectueuse considération.

Patrick KLUGMAN, Ariel GOLDMANN, Elie KORCHIA, Jacques GAUTHIER-GAUJOUX (cabinet Simon COHEN)

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