Mobilisation en Allemagne après le dernier reportage anti-israélien d’Arte

Arte oppose pour l’instant une fin de non recevoir aux critiques d’organisations allemandes qui ont montré que « Gaza : la mer ne veut plus de moi », diffusé le 22 juillet et dont InfoEquitable avait effectué une revue détaillée, faisait preuve de partialité et cachait des informations essentielles aux téléspectateurs.

Cette nouvelle controverse intervient seulement quelques semaines après la censure d’un documentaire sur l’antisémitisme par la chaîne franco-allemande qui avait fait grand bruit. InfoEquitable s’associe à la démarche des organisations allemandes qui viennent à nouveau d’écrire à Arte.

L’émission, dont l’auteur ne cache aucunement son activisme pour la « cause palestinienne », réussissait l’exploit d’accuser Israël de tous les maux frappant la population sans donner la parole à un seul Israélien et surtout sans prononcer une seule fois le nom du Hamas, pourtant en charge de l’administration de ce territoire.

La diffusion de cette émission choquait d’autant plus qu’elle intervenait quelques semaines après des mesures exceptionnelles prises par la direction d’Arte qui avait tout fait pour éviter la diffusion, sur ses ondes, de « Élus et exclus. La haine des juifs en Europe », un reportage qui mettait en cause le rôle de l’Europe dans le soutien à l’antisionisme – dernière mutation en date de l’antisémitisme – notamment à travers le financement d’organisations « pro-palestiniennes ».

Cette nouvelle affaire prend de l’ampleur avec l’échange initié en Allemagne entre plusieurs organisations luttant contre l’antisémitisme et la chaîne Arte, qui leur a pour l’instant opposé une fin de non recevoir.

Le 1er août, d’importantes organisations allemandes engagées dans la lutte contre l’antisémitisme ont adressé une lettre ouverte à Arte.

Parmi les signataires se trouvent le Conseil central des Juifs en Allemagne (Zentralrat der Juden in Deutschland – une fédération de communautés et associations juives dont le rôle est comparable à celui du Crif en France) et le Forum juif pour la démocratie et contre l’antisémitisme (JFDA).

La lettre exposait en détail les défauts également constatés dans la critique détaillée effectuée par InfoEquitable.

Ses signataires regrettaient « la forte partialité du documentaire et le fait qu’il cachait des informations d’une importance capitale aux téléspectateurs. »

Ils concluaient : “Nous constatons avec une grande consternation que le documentaire « Gaza. Ist das ein Leben? » comporte d’évidents défauts journalistiques. Il diffuse une image très déformée qui diabolise l’Etat d’lsraël. Il donne l’impression qu’Israël est le seul coupable de la situation économique, politique et sociale à Gaza.Nous vous demandons par conséquent de retravailler le documentaire selon des critères journalistiques sérieux ou de le retirer de la diffusion. En outre, nous attendons de vous une prise de position pour savoir comment une faute si éclatante a été possible.”

Arte oppose une fin de non recevoir

Arte a immédiatement réagi par un communiqué de presse ne reconnaissant pas les torts qui lui étaient reprochés.

Coupant les cheveux en quatre, Arte prétend dans ce texte que l’émission « Arte Reportage » n’était pas un documentaire, puisque les reportages «montrent par définition les expériences et rencontres personnelles de journalistes sur le terrain. C’est là que réside la valeur journalistique de ce genre, qui peut présenter des points de vue subjectifs authentiquement sans prétendre représenter une situation complexe d’une manière complète ou impartiale.» Depuis quand subjectivité et information font bon ménage ?

Arte défend ensuite les auteurs sans répondre à la critique portant sur l’activisme de l’auteur Anne Paq, contributrice d’Electronic Intifada – site diffusant de la propagande antisémite et dont le nom même suggère un soutien à l’assassinat de civils israéliens : ce sont « des auteurs internationaux »…

Le communiqué continue : « Arte n’arrive pas à comprendre l’impression qu’Israël serait tenu pour responsable du conflit dans le reportage. Le commentaire présente le protagoniste et raconte une attaque contre la maison de son oncle pendant l’offensive israélienne à Gaza en 2014. Ceci est une description des démarches militaires qui ne juge pas les responsabilités. » Sauf que parler de l’offensive israélienne sans évoquer les attaques du Hamas qui l’ont précédée et provoquée équivaut justement à masquer la responsabilité du Hamas et accabler Israël.

Arte prétend faire « attention à ce qu’une variété de perspectives différentes du conflit israélo-palestinien soit présentée dans les programmes. » Pour preuve : « Deux correspondants travaillent en permanence en Israël pour Arte, un Allemand et un Français. » Comme si la simple présence était synonyme de bienveillance et de travail de qualité…

Arte termine en jurant de sa neutralité : « Arte n’a pas de position personnelle dans ce conflit difficile, mais essaye de permettre aux téléspectateurs et aux internautes de se faire une opinion fondée à travers des perspectives et expériences différentes et controverses. »

Une véritable fin de non recevoir, dans laquelle la chaîne ne répond à aucune des critiques concrètes et précises qui lui ont été faites mais s’auto-congratule pour son travail et sa supposée « neutralité. »

Le Conseil central des Juifs en Allemagne intervient

Le 3 août, c’est le président du Conseil central des Juifs en Allemagne qui s’est adressé à Arte dans les colonnes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « J’attends plus de rigueur de la part d’Arte », annonçait Joseph Schuster dans le titre de son interview.

Indiquant qu’il avait contacté personnellement la direction d’Arte, il passait en revue les éléments factuels problématiques du reportage et en expliquait le danger : « Nous n’accusons pas Arte d’antisémitisme. Cependant, il est clair pour nous que proposer un tel parti pris à sens unique contre Israël et une attitude antisioniste permet à ceux qui aiment faire d’Israël ou des Juifs en général les responsables de tous les maux de se sentir justifiés. » A propos du choix d’Anne Paq comme auteur bien qu’elle écrive sur Electronic Intifada, il estimait que « peut-être qu’une chaîne devrait se demander à l’avance s’il convient de prendre comme auteurs des personnes ouvertement engagées pour l’un des côtés dans un conflit. »

Questionné au sujet de la différence de traitement par Arte entre les deux films, celui sur l’antisémitisme et celui sur Gaza, Joseph Schuster faisait une remarque qui en dit long sur la France, vue aujourd’hui par un Juif allemand (NDLR On se souvient que c’est la direction française d’Arte qui avait voulu bloquer la diffusion du documentaire sur l’antisémitisme, et que c’est grâce à l’intervention de grands médias allemands comme Bild que la chaîne avait été contrainte de le programmer)  : « Malheureusement, la critique unilatérale d’Israël correspond au courant dominant, en particulier en France. Peut-être Arte espère-t-elle ainsi de meilleurs scores d’audience qu’avec un film dans lequel la judéophobie dans les milieux antisionistes aurait aussi été exposée. »

Et puisque Arte avait adjoint au reportage sur l’antisémitisme des commentaires et un site de « fact-checking » censé proposer un autre point de vue dessus, Joseph Schuster demande qu’il en puisse en être fait de même pour le reportage sur Gaza.

InfoEquitable s’associe aux signataires de la lettre ouverte qui font part de leur insatisfaction par rapport à la réponse d’Arte

Arte n’a apporté aucune réponse satisfaisante aux critiques précises de ses contradicteurs, qui lui ont adressé le 7 août une nouvelle lettre : “Nous sommes surpris que, malgré la demande d’un nombre important d’organisations, Arte ne soit pas disposée à participer à un débat de fond sur l’émission et à prendre position sur les points soulevés.”

Ils insistent encore tout particulièrement sur le problème posé par l’activité de l’auteur du film pour le portail Electronic Intifada qui propage des positions antisémites et rappellent que «l’antisémitisme est une idéologie inhumaine qui ne devrait pas avoir sa place sur une chaîne financée par de l’argent public.»

Les auteurs demandent qu’Arte réponde point par point aux reproches faits dans leur courrier original.

En France comme en Allemagne, mobilisons-nous pour une information juste et précise. InfoEquitable s’associe pleinement aux autres signataires de cette lettre.

Si vous souhaitez vous aussi apporter votre soutien, vous pouvez contacter le Forum juif pour la démocratie et contre l’antisémitisme, organisation allemande qui coordonne cette démarche. InfoEquitable vous informera des futurs développements.

Source infoequitable

Si vous ne l’avez pas vu, et que vous voulez vous faire une idée de la partialité d’ARTE, vous pouvez visionner ce “reportage”.

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