Images antisémites : IMA 2019, la suite du Palais Berlitz 1941

Durant le dernier trimestre 1941, une exposition-phare a reçu 200 000 visiteurs au Palais Berlitz, l’immeuble parisien qui abrite, depuis 2006, le siège d’une grande banque nationale. L’exposition avait pour titre « Le juif et la France ». Son objectif officiel était « (d’)aider les Français à reconnaître les Juifs par leurs caractéristiques physiques » en prouvant leur « emprise corruptrice générale » et son objectif officieux, de « justifier les mesures antijuives du régime, qui établissait de fait l’antisémitisme en politique d’État  (l’Histoire par l’image) ». Elle était financée par l’Institut d’étude des questions juives, une association privée créée en mai 1941 avec le soutien du bureau de la Propagande allemande.

Pour paraître scientifique, l’exposition s’appuyait sur les « travaux » de Georges Montandon, un médecin-anthropologue-explorateur suisse, à qui son pays d’origine refusait un poste dans l’enseignement à cause de ses accointances avec les Bolchéviques. Du coup, c’est l’étiquette de « professeur d’anthropologie » qu’il avait demandée aux organisateurs de l’exposition, et qui justifiait que son ouvrage Comment reconnaître le Juif, paru en 1940, en fût utilisé comme fil conducteur. On aurait pu remonter un peu plus loin et citer son premier article sur le sujet, paru en 1926 sous le titre L’origine des types juifs… dans L’Humanité[1]. Oui, L’Huma. Le fascisme rouge-brun-vert ne date pas d’aujourd’hui !

Aujourd’hui, l’IMA (pas l’Huma ?) expose une caricature antisémite

Ce n’est pas dans le cadre d’une exposition et il n’y a qu’une seule image : une caricature du Premier ministre israélien, dont la réalisation a repris les canons de l’exposition Le juif et la France. À l’IMA, il s’agit officiellement de l’affiche d’une manifestation parmi les « Rencontres et débats à l’Institut du Monde Arabe ».

Le titre du « débat » a, lui aussi, été visiblement inspiré par le manuel du parfait petit antisémite mis au point par la Propaganda-Abteilung : ce « débat », où n’interviendront que des antisémites et des antisionistes militants, contient les éléments de langage destinés à rappeler les défauts ontologiques de la race juive, qu’on trouvait déjà dans l’exposition de 1941. L’affiche de « Le juif et la France » montrait « une sorte de rabbin (posant…) des mains crochues sur les pays d’Europe (et donc la France), (…). Il s’agit donc bien de marquer les esprits en montrant que le « Juif » est autre, différent, prédateur et dangereux. (L’Histoire par l’image) » Le titre de l’affiche pour la grand-messe du 9 janvier est « Main basse sur Israël » et l’image représente deux enfants portant un masque de Netanyahou avec des yeux vides de loup-garou et levant des mains rouges de sang.

Mère-grand, que vous avez de grandes dents !

C’est pour mieux te hacher menu, mon enfant ! Et que vous avez de beaux titres ! C’est pour mieux entourlouper ceux qui ont envie de l’être, mon enfant.

Dans le détail, le casting du « débat » :

Jean-Pierre Filiu est sobrement présenté comme « professeur des universités en histoire du Moyen-Orient, Sciences Po Paris. »

Dominique Vidal est, lui, introduit comme « historien et journaliste, spécialiste des relations internationales et notamment du Proche-Orient, collaborateur au ‘’Monde diplomatique’’…»

Quant à Stéphanie-Latte Abdallah, ce serait une « historienne et politiste, chargée de recherche au CNRS-CERI, d’abord spécialisée dans le domaine des réfugiés et de l’histoire des femmes dans les camps palestiniens de Jordanie … »

Le « débat » doit être animé par Denis Sieffert, directeur de l’hebdomadaire Politis.

Jean-Pierre Filiu est-il objectif et sinon de quel côté penche-t-il ?

Pourquoi ne dit-on pas qu’il est le chouchou de CAPJPO-Europalestine ? Bon, on ne peut pas tout dire. Mais là, il s’agit de l’engagement majeur de sa vie, dans lequel il a éduqué son fils ! Car cet homme, dont le nom signifie « fils » en corse, a lui-même un fils. Lequel « a été visé et blessé par un soldat israélien à Jérusalem-Est » (« visé », dixit le site emblème de la haine anti-israélienne, qui lit dans l’esprit des gens auxquels il dénie une âme).

OK, le fils participait à une manifestation violente et il a été touché par une balle en caoutchouc (un projectile létal, selon Filiu père). Quand Europalestine rend compte des tirs de roquettes made in USSR qui ont détruit des jardins d’enfants juifs, elle décrit les actes héroïques de Gavroches lançant à l’aveuglette des projectiles artisanaux. Cela donne la mesure de son objectivité. Et de celle du père de la presque victime, qui raconte que « Tsahal vise les visages, et peu importe que les individus fuient la confrontation (Europalestine) ».

C’est manifestement cette objectivité et la connaissance d’Israël qu’il tient de son fils, bénévole de l’Intifada, qui justifie la présence de Filiu à un « débat » visant à définir si, dans l’État juif, le « processus de régression démocratique est irréversible ».

Dominique Vidal est-il objectif et sinon de quel côté dégouline-t-il ?

Comme si la mention du Monde diplomatique ne suffisait pas pour informer de la haine antisémite qui sert de colonne vertébrale à M. Vidal, ajoutons qu’il est l’invité permanent de Oumma.com, le site du peuple musulman où, fort de sa « connaissance des tenants et les aboutissants du conflit israélo-palestinien pour les avoir décryptés dans de nombreux ouvrages (Oumma.com)  » il expliquait, le 17 mai 2018 « le ‘’massacre sans précédent’’ perpétré par l’armée israélienne d’occupation dans la bande de Gaza, signe de la radicalisation de l’extrême droite au pouvoir à Tel Aviv et du sentiment de toute-puissance qui l’anime. » Dominique Vidal ignorerait que l’armée israélienne a évacué Gaza en août 2005, faisant de ce territoire palestinien une entité indépendante et judenrein ?

Qu’importe, puisque sur Oumma, seuls viennent des convaincus de la thèse hitlérienne sur la nocivité du Juif, alors pour eux, « armée d’occupation » est un bonbon au meilleur goût que « Gaza, territoire libéré depuis 13 ans mais utilisant tout son budget à essayer d’annihiler Israël », plus factuel et donc plus fade, voire indigeste.

De tous les intervenants, Dominique Vidal est celui dont la boutonnière s’orne du plus de médailles d’antisionisme, anti-israélisme et anti judaïsme. Celle d’entre toutes qui peut doubler ses émoluments dans les pays arabes antisionistes (pléonasme), est son origine juive. Un antisémite juif, c’est le summum de l’idiot utile pour ceux qui haïssent l’État juif.

Stéphanie–Latte Abdallah est-elle objective et sinon de quel côté tend-elle ?

On a « oublié » dans son CV qu’« elle a été affectée … à l’Ifpo dans son antenne des Territoires palestiniens (2013-2016).(Sciences PO) » Aurait-on risqué d’en conclure que ce séjour de trois ans dans les Territoires palestiniens, elle l’avait choisi, un choix qui ne traduit pas un tropisme pro-israélien ? Pfff ! Où va-t-on chercher des choses pareilles ? D’ailleurs, si ça se trouve, dans le casting du « débat », c’est elle qui tiendra le rôle du punching ball, euh, de défenseur de la démocratie israélienne. Mais pourquoi s’embarrasserait-on d’un point de vue divergent ?

Denis Sieffert est-il objectif et sinon de quel côté plonge-t-il ?

L’animateur du « débat » est fier d’annoncer que Politis, son hebdomadaire « est né en même temps que la 1ère Intifada ». Dans le numéro de décembre 2018, il estime « extrêmement inquiétant » que Jérusalem puisse finir par être « considérée comme une propriété israélienne ». Il énonce péremptoirement que « le conflit Israélo-Palestinien est un conflit colonial » (sur la terre ancestrale des colonisateurs, colonisée par les Arabes, puis par les Européens avant qu’ils y reviennent eux-mêmes) et il se réjouit que « le mouvement international pour le boycott soit vivace et très efficace, malgré les obstacles qu’il doit affronter.( Politis ) »

Le mouvement BDS a un fan-club. Son objectif est très officiellement de délégitimer Israël et de l’isoler sur la scène internationale, afin de le laisser seul face à ceux qui veulent le détruire. La bataille est serrée pour la présidence de son fan-club, mais Denis Sieffert est presque aussi bien placé que Dominique Vidal, son comparse Alain Gresh ou Olivia Zemmor, la présidente à vie de CAPJPO-Europalestine. Cela en fait-il la personne ad’hoc pour équilibrer le débat et ne pas confisquer la parole au profit des témoins à charge ?

Euh, qui sont les témoins à décharge, déjà ?

Le processus de régression démocratique est-il irréversible ?

Le processus de régression démocratique, en IMA dans le texte, est caractérisé par le fait que les gouvernements successifs d’Israël refusent de se suicider comme le leur demandent poliment, brutalement ou diplomatiquement les amis de M. Filiu.

En 2002, quand le Israël bashing était le seul point commun de tous nos médias, et l’antisémitisme contre les Juifs hexagonaux sa conséquence bien visible, les Français s’accordaient sur très peu d’autres choses. Quelques balises leur permettaient, cependant, de se sentir membres de la communauté nationale : 1) Hitler était un grand criminel, 2) Staline aussi, mais il devait être pardonné car sa motivation était humaniste et 3) l’un et l’autre n’étaient que des amateurs face au MAL incarné par Ariel Sharon. Le 4) était que les Juifs français se plaignant d’avoir été agressés aux cris de « Mort aux Juifs » allaient finir par susciter l’antisémitisme dont ils se plaignaient à tort.

La preuve : Sébastien Sellam, assassiné aux cris de Allahu Akbar en 2003, Ilan Halimi, séquestré, torturé et assassiné en 2006 par des « Barbares » qui faisaient écouter par téléphone à son père ses cris sous la torture, au motif de « venger les Palestiniens ». Arieh et Gabriel Sandler (6 et 3 ans), leur père Jonathan et Myriam Monsenego (7 ans) tués dans la cour de leur école juive à Toulouse en 2012. Le tueur commentait dans sa GoPro qu’il était jouissif de tuer des enfants juifs comme les Juifs tuaient des enfants palestiniens à Gaza (où il n’y avait plus de Juifs depuis 7 ans). Yohan Cohen, 20 ans, Philippe Braham, 45 ans, François-Michel Saada, 64 ans et Yoav Hattab, 21 ans, tués pendant la prise d’otages à l’Hyper casher de Vincennes en 2015. Deux octogénaires, Sarah Halimi tuée en 2017 et Mireille Knoll en 2018 au cri de Allahu Akbar, après avoir toutes deux été traitées de « sale juive » par leur futur assassin… Ces Juifs, ils vont finir par provoquer de l’antisémitisme, à toujours se plaindre !

Le nom du pire

Jusqu’à ce qu’il tombe dans le coma en 2006, le nom d’Ariel Sharon, prononcé par un Français, était toujours accolé à « leader d’extrême-droite », même si l’homme qui avait évacué la dernière implantation dans le Sinaï en 1979 et Gaza en 2005 avait créé un parti centriste nommé Kadima (En avant !). Il est décédé sans être sorti du coma en janvier 2014.

Heureusement pour les ANTISIOMITES (©Alain Legaret), Sharon fut rapidement remplacé dans la haine anti-juive par un autre loup-garou : Benyamin Netanyahou.

Netanyahou est patriote, un mot qu’on n’utilise plus que péjorativement dans la France de 2018. Dans l’esprit de ceux qui gouvernent nos esprits, patriote=xénophobe=le mal absolu. Car si on aime les siens, on déteste forcément les autres, non ? Euh… Est-ce à dire qu’un couple amoureux, des parents aimants ou un groupe d’amis sincères sont nécessairement misanthropes ? Un amateur de musique détesterait corollairement la peinture et la littérature ? Ne riez pas, c’est bien ce dont il s’agit : Netanyahou aime son peuple et son pays, donc il hait forcément les autres peuples et les autres pays, donc il est d’extrême-droite, donc il a réduit la démocratie de son pays à peau de chagrin, CQFD.

Alors que s’il avait ouvert grand les portes à ceux pour qui l’insulte suprême est « yahoud », « juif », s’il avait aidé l’Iran à acquérir la bombe atomique à Israël destinée, s’il acceptait les tentatives d’anéantissement qui sont le seul projet politique des Palestiniens, autant à Gaza qu’en Cisjordanie, c’est pour lui qu’on aurait du chagrin ! Elle serait tellement sincère, cette surenchère de condoléances ! « Je préfère vos condamnations à vos condoléances », disait Golda Meir aux « chancelleries ». Encore une qui faisait régresser la démocratie ?

Comment nos médias transforment la droite réelle en « extrême droite » fantasmée

Le scénario est constant. Concernant Israël, c’est un peu particulier : tout homme politique ou tout parti qui n’est pas explicitement nommé « socialiste », « communiste » ou « arabe » est automatiquement sacré « d’extrême-droite ». C’est d’autant plus idiot qu’en Israël, les partis qui sont vraiment fascistes se trouvent plutôt du côté des partis arabes, qui interdisent les opinions individuelles, la liberté religieuse, les ventes immobilières à des Juifs, qui criminalisent l’adultère et l’homosexualité et n’hésitent pas à imposer leurs vues par les armes. Par rapport aux dirigeants palestiniens, Mahmoud Abbas élu en Cisjordanie pour quatre ans en 2005 ou le Hamas, dirigeant Gaza par la terreur depuis son coup d’État de 2007, ces partis politiques présents dans l’hémicycle israélien sont des petits joueurs… mais ils aspirent à devenir grands.

Eh oui, on rappelle que l’État juif n’est pas une dictature fondée sur l’apartheid, mais un pays démocratique où les Arabes, y compris ceux qui veulent le détruire, peuvent siéger au Parlement. En témoignent les treize élus à la Knesset : la liste arabe « est issue de l’alliance entre le parti communiste Hadash et les trois formations arabes : le Mouvement islamique, la Liste arabe unie-Ta’al et les nationalistes de Balad. C’est la première fois depuis la création d’Israël en 1948, que les différents partis arabes présentent un front uni lors des élections législatives. Pour la première fois dans l’histoire d’Israël, la Liste unifiée devient la troisième force politique en remportant 13 sièges à la Knesset à l’issue des élections législatives de 2015. (Wikipedia) »

Le monde (pas le journal) est plus subtil quand il parle d’autres que les Juifs

Dans le reste du monde, il y a des critères plus subtils que le seul nom du parti pour jeter l’opprobre extrême-droitiste sur un dirigeant. Ainsi, c’est de vouloir défendre ses propres citoyens, ceux qui l’ont élu, plutôt que l’humanité tout entière, qui lui fait monter les marches du toboggan qui le fera, ensuite, dévaler dans le déshonneur.

Augmenter la dette de son pays, au point d’égaliser les colonnes budgétaires des rentrées et des dépenses classe l’inconscient plutôt à gauche, donc du bon côté de l’échafaud médiatique.

À l’inverse, refuser d’augmenter la dette, exiger de faire des réformes afin de ne pas obérer l’avenir des citoyens nés et à naître, le classe très à droite, c’est-à-dire le fait avancer jusqu’au palier devant la pente du toboggan. Le bon sens est alors le seul obstacle qui empêche sa chute finale dans les oubliettes de l’histoire.

Mais cet obstacle s’écarte poliment de lui-même si le dirigeant refuse d’accueillir « tous les malheurs du monde », comme le formulait le Premier ministre socialiste français Michel Rocard, à qui fut épargnée cette chute grâce à son porte-bonheur lexical.

En dévalant la pente, le dirigeant en cours de lapidation médiatique pourra toujours faire valoir que ses choix n’étaient pas xénophobes, qu’ils visaient à préserver les ressources pour ses concitoyens, à protéger les concitoyens eux-mêmes des agressions dont sont victimes leurs voisins plus généreux et à prémunir leur mode de vie contre un changement radical, halal et létal.

Trop tard, plus personne n’écoutera ses arguments, qui seront de toute façon confisqués par les « corps intermédiaires », les corps sur lesquels il aurait fallu passer pour avoir accès aux micros, aux caméras et aux interrupteurs des rotatives.

Demandez aux récents condamnés : l’Italien Salvini, le Brésilien Bolsonaro, le Hongrois Orban, l’Australien Morrison. Mais pas la peine d’interviewer le Serbe Vucic : il a réussi à échapper à la malédiction grâce à un artifice génial. Tout en refusant d’intégrer les migrants (ouh extrême droite !), il a nommé une femme première ministre (ce qui est déjà de nature à obtenir son passe-droit… de gauche) et une homosexuelle de surcroît, ce qui lui assure le passeport diplomatique. Bien ouèj !

La caricature de Netanyahou a dû le faire rire

Le Premier ministre israélien, qui va se re-présenter devant les électeurs en avril 2019, ne prendra certainement pas la peine de s’insurger contre l’organisation, en France, d’un « débat » visant à l’affaiblir, pas plus qu’il ne s’inquiétera de la caricature le représentant comme un double fossoyeur inhumain : il est probable que sa devise est plutôt du style Oderint dum metuant (qu’importe qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent), que l’on attribue (à tort) à Caligula. Mais Netanyahou, lui, ne cherche pas à se faire aimer, il cherche à protéger son peuple et ses frontières de tous leurs ennemis locaux et internationaux.

Si l’on en juge par l’état des USA à la fin du mandat d’un Président qui voulait séduire ses ennemis en exhibant sa repentance et sa faiblesse et en sacrifiant ses alliés, on ne peut lui donner tort.

C’est plutôt les Juifs français qui ont lieu de craindre les retombées de cette provocation à plus de haine antisioniste, tous les précédents démontrant que c’est toujours suivi de passages à l’acte criminels. Cela dit, cette activité de militantisme anti-État juif est inévitable puisqu’elle figure dans les statuts de l’IMA, pas dans cette forme, mais bien dans le fond.

Ne serait-il pas plus efficace et plus bénéfique pour nos concitoyens, au lieu de s’indigner de ses incitations à la haine, de fermer cette institution dont l’intérêt général est exclusivement centré sur d’autres pays que le nôtre, qui squatte les subventions du FEDER[2]auxquelles elle ne peut pas prétendre et dont la fin du déficit abyssal pourrait permettre des économies substantielles, voire une redistribution vers nos concitoyens en gilets jaunes auxquels leurs « élites » n’ont pas les moyens de donner satisfaction ?

L’Institut du Monde arabe, un établissement sui generis[3]

Voulu par Giscard d’Estaing en vue de privilégier les relations franco-arabes, l’IMA a été inauguré en 1987 par Mitterrand : sur un terrain de 10 000 m2 offert par le ministère des affaires étrangères, le bâtiment de Jean Nouvel, haut de 32 mètres, développe 27 000 m2 utilisables, pour une emprise au sol de 7 250 m2. Tout ça pour 446 millions de francs HT, dont près de 251 MF financés par la France. Et 3 millions d’euros par an d’entretien.

L’IMA est soutenu par une fondation créée en commun par la République française et des États membres de la Ligue arabe (22 à ce jour). Les coûts de l’IMA sont répartis entre la France 60% et les pays arabes, 40%. Ça, c’est la théorie. En pratique, dès 1990, tout le poids financier reposait sur notre pays. En novembre 1990, le député Olivier Roux interrogeait le gouvernement[4]au sujet du déficit (150 millions de francs à l’époque) en demandant quelles mesures allaient être prises.

Les bonnes relations avec les pays arabes nous ruinent

La situation ne s’est pas arrangée : en 2008, la commission des finances a constaté un déficit d’exploitation cumulé de 38,5 millions d’euros (des euros, 6,65 fois plus que des francs). Fallait plus rien lui demander, à l’IMA car il était en « quasi cessation de paiement » après la défaillance des pays de la Ligue arabe qui étaient censés en financer 40 %. Aujourd’hui, ils en fournissent moins de 10 % et c’est la France qui éponge l’ardoise annuelle de plus de 12 millions d’euros. Depuis ce rappel à l’ordre, les 12 millions annuels sont fournis par le ministère des Affaires étrangères (français, ce qui va sans dire va encore mieux en le disant). Du coup on réduit les budgets de l’armée et de la police. Normal, on n’en aura bientôt plus besoin : à force de voir comme les Arabes sont mis à l’honneur dans l’IMA, les islamistes vont comprendre qu’on les aime d’amour, ils vont se tondre la tête et, vêtus de toges couleur safran, jeter des fleurs aux passants.

À l’IMA, ceux qui paient ne sont pas ceux qui décident

C’est une des originalités de cet établissement unique. Ainsi, quand il monte une exposition sur « les Chrétiens d’orient », l’IMA oublie les chrétiens. Bon, c’est une étourderie, il ne faut pas y voir le mal ! « Le simple fait que cette exposition existe est une victoire, souligne un diplomate français à la retraite, soucieux de son anonymat. La bataille a été assez difficile pour parvenir à monter cet éclairage sur les chrétiens d’Orient, une région qui a des rapports compliqués avec ses chrétiens. (Le Monde des religions) » Mais, mais, on nous a répété si souvent que dans ces relations conflictuelles, les « croisés » (comprendre « les chrétiens ») étaient les agresseurs qui devaient se faire pardonner leurs exactions. On nous aurait menti ?

« Les chrétiens de la Péninsule arabique ou ceux de Nazareth sont également invisibles. Ainsi, les héritiers de Jésus de Nazareth sont absents de ce panorama sur les chrétiens d’Orient ! » lit-on aussi dans cet article, avec cette explication de Dominique Trimbur, historien, co-auteur du catalogue : « On est à l’IMA. C’est la politique qui l’emporte. Pour les pays arabes, Israël n’existe toujours pas. » Mais, re-mais, et re-re-mais, Télérama nous affirmait, il y a quelques jours , que Nazareth était située en Palestine occupée (par Israël) et que les Juifs étaient seuls responsables des mauvaises relations entre musulmans et chrétiens. Il est vendu aux sionistes, l’historien co-auteur ?

L’arroseur inconsciemment arrosé

On aime bien citer le « quotidien de référence », surtout quand il sort du registre de sa monomanie antisioniste (en fait c’est la première fois qu’on le constate, mais on ne le lit plus depuis 2002, alors on peut avoir raté des épisodes). Le Monde, lui, cite Bernard Heyberger, historien, directeur d’études à l’EHESS, auteur du Que sais-je ? sur Les Chrétiens d’Orient et membre du comité scientifique de l’exposition. « Je pense que les lacunes de l’exposition relèvent plus de l’inconscient. Par exemple, après la conquête musulmane, la vie des chrétiens semble sans un nuage, alors qu’ils ont le statut de dhimmis ».

Nos lecteurs à nous savent qu’un « dhimmi est un terme historique du Droit musulman qui désigne un citoyen non-musulman d’un État musulman, lié à celui-ci par un ‘’pacte de protection’’ discriminatoire. » Mais l’inconscient de la rédaction du Monde ne peut pas s’empêcher de minimiser les discriminations infligées aux Juifs et aux chrétiens. Qu’est-ce qu’il ajoute, Le Monde après le mot « dhimmis » ? Ceci : « [citoyens non musulmans, soumis à un impôt particulier, ndlr]. » Les exactions innombrables auxquelles étaient soumis les dhimmis juifs (il n’y en a plus un seul, ils ont tous été chassés) et que subissent toujours les chrétiens en pays arabes culminent dans leur fonction de fusible à chaque crise politique, qui s’apaise généralement après un pogrome. Le Monde ne remarque qu’un impôt particulier. Vous avez dit que les lacunes de l’expo relevaient de l’inconscient, Monsieur Heyberger, alors quid de celui de la rédaction du Monde ? Il ne relève pas, il abaisse. On ne vous l’envoie pas dire.

Régression démocratique débattue à l’IMA : humour involontaire ?

L’IMA célèbre le monde arabe afin de le rendre plus sympathique aux Français, c’est l’objectif figurant en première place dans ses statuts. On ne va pas le lui reprocher. La France a, dans cette entreprise, 22 partenaires, qui sont tous des États appartenant à la Ligue Arabe, celle qui a représenté les Palestiniens après la Guerre de six-jours. Celle qui a opposé les « 3 NON de Khartoum » aux dirigeants israéliens d’alors, lorsqu’ils ont proposé, à l’ONU, d’échanger « la terre contre la paix » : non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non aux négociations avec Israël. D’où l’intertitre de l’article du Monde : Éviter de mentionner Israël, car l’animosité antisioniste est consubstantielle de l’IMA, comme le note Elodie Bouffard, commissaire de l’exposition : « Cette exposition était un défi, il fallait concilier deux objectifs. Il s’agissait de faire découvrir les chrétiens d’Orient au public français et d’être fidèle aux attentes de nos partenaires… »

Ah, justement, les partenaires de l’expo et les partenaires de la France dans l’IMA ont un autre point commun que leur haine d’Israël. Allons, cherchez bien ! Que partagent l’Algérie et la Mauritanie ? Ou encore la Lybie et le Soudan ? Ou bien le Royaume Mutawakkilite du Yémen (du nord), devenu République arabe du Yémen en 1962, puis République démocratique populaire du Yémen en 1967, et l’Émirat de Transjordanie, devenu le Royaume Hachémite de Jordanie avec l’annexion de la Cisjordanie en 1950, qui a conservé le même nom après la perte de la Cisjordanie en 1967 ?

Ah bon, la Cisjordanie n’était pas une république démocratique palestinienne ? Ça alors, ça en boucherait un coin aux visiteurs de l’IMA ! Heureusement qu’on ne le leur dira jamais : on doit « être fidèle aux attentes de nos partenaires. » Bon, alors, cet autre point commun entre tous les partenaires ? Ouiii ! Vous avez gagné : ce sont tous et toutes des dictatures.

On a tout compris

L’avantage de ces dictatures, c’est qu’elles ne risquent aucune régression de la démocratie, puisqu’elles ne l’ont jamais expérimentée. C’est pourquoi il est légitime que dans l’enceinte d’un Institut qui les représente, on « débatte » entre leurs affidés de la régression qui délégitimera leur ennemi commun, en illustrant le « débat » d’une image fabriquée selon les critères mis au point par leur ancêtre idéologique, celui qui n’a réussi qu’à 50% la solution finale à laquelle ils aspirent.

Liliane Messika et Serge Skrobacki, mabatim.info

[1] L’origine des types juifs, L’Humanité, 15 décembre 1926 (sous pseudonyme). Cité par George Montandon
[2] Depuis sa création en 1975, le FEDER, Fonds européen de développement régional, finance des programmes de développement local présentés par les États membres, grâce auxquels ils espèrent réduire les déséquilibres entre les diverses régions de l’Union européenne. Les projets doivent correspondre aux priorités suivantes : le soutien à l’emploi, la promotion de l’égalité des chances (notamment entre les hommes et les femmes) et la protection de l’environnement. On se demande comment la France a pu convaincre le comité d’attribution des subventions de lui en accorder pour l’IMA…
[3] Sui generis, de son propre genre en latin dans le texte, qualifie une situation juridique si unique qu’on ne peut la classer dans aucune catégorie existante, ce qui oblige à créer pour elle des textes spécifiques.
Skrobacki[4] Question écrite n° 12447 de M. Olivier Roux (Français établis hors de France – UC) publiée dans le JO Sénat du 08/11/1990 – page 2380.

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*