Histoire de crimes antisémites : le Docteur Petiot, pendant l’occupation nazie

Le 11 mars 1944, alors que Paris vit au rythme de l’Occupation, les policiers découvrent un charnier dans l’hôtel particulier d’un médecin parisien : Marcel Petiot, le «docteur Satan» de la rue Le Sueur.

Le 11 mars 1944, les habitants de la rue Le Sueur, dans le 16e arrondissement de Paris, sont à bout de nerfs. Depuis plusieurs jours, une odeur fétide s’échappe de la cheminée de l’hôtel particulier situé au n° 21. Son propriétaire, Marcel Petiot, un riche médecin originaire d’Auxerre, est absent ce jour-là. Les pompiers n’ont d’autre solution que de fracturer la fenêtre et de suivre l’odeur. Elle les mène à la cave. En fait, un véritable cabinet de torture.

Dans le sous-sol de cet immeuble cossu, les policiers, appelés en renfort, découvrent des corps parfois dépecés, parfois découpés. Certains ont été brûlés et se trouvent encore dans la chaudière, d’autres dissous dans la chaux. « Les ossements que l’on récupère sont si fragmentés qu’il sera impossible de reconstituer les squelettes. On n’en pourra déterminer qu’approximativement le nombre qu’en les pesant », écrit le journaliste du Petit Marseillais, le 14 mars 1944.

Vingt-sept cadavres sont finalement identifiés. La plupart des victimes sont des juifs qui cherchaient à fuir la Gestapo. Mais, parmi les victimes du médecin parisien, on découvre également des « collabos » ou des truands. « Petiot ne tuait pas par antisémitisme mais par appât du gain. Il détroussait ses victimes. Même si, évidemment, la période explique que les juifs aient été une cible privilégiée », explique Claude Quétel, historien qui a consacré un ouvrage sur ce tueur hors pair.

Mister Petiot, docteur Satan

Le Dr Marcel Petiot a acquis cet hôtel particulier trois ans auparavant. Bien qu’il habite avec sa femme et son fils dans le quartier de l’Opéra, il y fait réaliser d’importants travaux. Mais uniquement au sous-sol. « Tout porte à croire que Marcel Petiot organisa la mise en scène des plus effroyables crimes que puisse organiser un sadique », assure Le Matin le 15 mars 1944.

Les enquêteurs menés par le commissaire Massu découvrent dans la cave une chambre à gaz munie d’un œilleton grossissant pour assister à l’agonie des victimes, un puits rempli de chaux vive afin d’y désintégrer les corps, des doubles portes pour retenir les cris. Dans un débarras attenant au charnier, s’amoncelle des valises, 72 au total, des vêtements, des cheveux.

Médecin respecté le jour, auteur de plusieurs essais notamment sur l’accouchement sans douleur, Marcel Petiot se transforme en « docteur Satan », ainsi que l’ont surnommé les journaux, la nuit. Il prétend être à la tête d’un réseau de passeurs, promet à ses victimes une nouvelle vie, en zone libre ou hors des frontières de la vieille Europe. Une fois chez lui, il leur administre un « vaccin d’anesthésiant » puis les enferme dans un couloir dont la seule issue est la pièce du sous-sol où ils meurent asphyxiés par un mélange de gaz. « C’est le scénario privilégié par les enquêteurs mais, puisqu’aucune victime n’en a réchappé et qu’il n’a jamais avoué, cette hypothèse n’a jamais pu être formellement confirmée », nuance l’historien.

Chasse à l’homme

« Cette affaire est certainement destinée à figurer parmi les histoires criminelles les plus retentissantes du siècle. » Le quotidien La Petite Girondeen date du 14 mars 1944, ne s’y est pas trompé. La France occupée suit au jour le jour la traque du criminel. Car le Dr Marcel Petiot a pris la fuite le jour même de la découverte du charnier. Les versions divergent. Selon les uns, il s’est fait passer pour son frère devant les policiers appelés en renfort par les pompiers, selon les autres, il a indiqué aux autorités qu’il s’agissait de cadavres de nazis pour qu’ils le laissent partir.

En fuite, il s’engage dans la résistance, se fait appeler « Capitaine Valéry ». Peu à peu, les médias exhument son passé. Ses différents internements en psychiatrie font la une de journaux. Des morts et disparitions inexpliquées dans sa région natale lui sont imputés. « A Auxerre, la découverte du charnier n’a étonné personne », assure Paris-Soir le 14 mars 1944. La rumeur l’accuse notamment d’être à l’origine de la mort d’une toxicomane et de sa maîtresse. Il ne sera néanmoins jamais condamné pour cela.

« Ça ne va pas être beau »

Le 31 octobre 1944, il est finalement interpellé dans une station de métro. Son procès s’ouvre un an et demi plus tard. « On est dans l’immédiat après-guerre, de nombreux collaborateurs sont jugés, mais son procès connaît une audience retentissante », note Claude Quétel. Une foule se presse chaque jour devant le palais de justice. Il est accusé de 27 assassinats, il en revendique 63. Mais aucun de ceux de la rue Le Sueur. Se perdant dans des explications totalement incongrues, il continue de soutenir qu’il n’a tué que des nazis, « des traîtres ». Condamné à mort, Marcel Petiot est guillotiné le 25 mai 1946. « Ça ne va pas être beau », lâche-t-il juste avant que le couperet ne tombe.

Plus de soixante-dix ans après la mort du docteur Petiot, un mystère demeure. Où est passé son butin, colossal, collecté au gré de ses meurtres ? Les experts l’estiment aujourd’hui à quelque 50 millions d’euros. De l’argent, des lingots d’or, des œuvres d’art, des diamants bruts ou des bijoux… Ses victimes venaient en effet le voir avec leurs biens les plus chers. Son hôtel particulier a été fouillé de fond en comble. De même que ses autres adresses. En vain. « A coup sûr, il l’a caché quelque part, peut-être avec la complicité d’un tiers, mais personne ne sait où, assure l’historien. Pourtant, beaucoup se sont mis sur les traces de ce magot. » En vain.

Source 20minutes

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