Ces juifs toulousains qui ont choisi Israël

L’âge est différent, le parcours professionnel et personnel aussi. Pourtant Mickaël Toledano, 29 ans, et le docteur Edgar Cohen, 53 ans, ont la même phrase : ils n’ont pas immigré «contre la France mais pour Israël». Tous deux évoquent une parfaite intégration à la vie toulousaine. Pour Mickaël la restauration ; la médecine pour Edgar.

MIDEAST-ISRAEL-HOLOCAUST-REMEMBRANCE DAY
Dans les rues de Jérusalem, les Européens sont de plus en plus nombreux./photo AFP

Alors pourquoi sont-ils partis ? Chez le Dr Cohen, tout est allé un peu plus vite ces deux dernières années avec l’installation à Tel-Aviv de ses deux aînés : «Ma femme et moi nous ne vivions pas bien cet écartèlement de la famille». Mais il y a aussi ce qu’il appelle «ces choses un plus politiques», comme le sentiment d’une stigmatisation de plus en plus grande des juifs en France ; «au bout d’un moment, ça m’est devenu quasi insupportable.»
Autre malaise : ce qu’il perçoit «comme la permanente désinformation autour de l’État d’Israël. Prenez l’été dernier durant la guerre à Gaza. On passait notre temps à chercher sur toutes les chaînes un mot juste sur Israël. En vain.» Pourtant, il est catégorique : ce ne fut pas là le catalyseur de son départ accéléré. «Je vous l’ai dit, c’était d’abord rejoindre les enfants. Et puis vivre dans un pays que j’aime profondément et où – on s’en rend compte une fois installé ici – on n’a pas besoin de se justifier en tant que juif. On est ce qu’on est ! Après l’Alyah (l’immigration en Israël) c’est une chose tout à fait personnelle. Lorsque Moïse a libéré les Hébreux d’Egypte, seuls un cinquième sont partis. Les autres sont restés.»

L’apprentissage de l’hébreu

Arrivé en juillet dernier, il se dit très heureux de sa nouvelle vie, même s’il se trouve encore dans une période intermédiaire : celle de l’apprentissage de l’Hébreu. «J’en profite un maximum. Comme je suis un toxico du travail, je sais que quand je vais m’y remettre, ce sera très intense».
Accompagné d’une volonté farouche de s’intégrer «sans juger et en apportant son expérience de médecin en France», il a un principe : garder l’esprit ouvert et s’adapter. Même à ces petites choses qui «le gonflent». Il en cite deux : les chauffeurs de bus et le grand nombre de chiens dans les rues y compris leurs déjections.
Sa plus grande fierté : son fils de 12 ans. «Dès mon arrivée, je l’avais inscrit dans une école israélienne. Il rentrait le soir en me disant : «j’ai passé ma journée sur un banc ; je comprends rien». J’étais complètement traumatisé. Chaque matin ou presque, j’allais voir la directrice. Jusqu’au jour où elle m’a dit : «Monsieur Cohen, je ne veux plus vous voir ici. Votre fils, après Pessah (la Pâque juive qui cette année tombe le 3 avril), il saura mieux parler l’hébreu que vous. Il sera plus israélien que vous !» Eh bien c’est ce qui se passe.»

«Chacun pour soi et Dieu pour tous !»

Pour Mickaël, le grand saut a eu lieu en octobre 2011. Une immigration préparée en amont, y compris sur le plan financier. Il a attendu d’avoir vendu le restaurant qu’il avait à Toulouse pour partir. Un départ effectué dans le cadre du programme «Tapis Rouge» de l’Agence juive. Autrement dit la prise en charge du billet d’avion Paris-Tel-Aviv et à l’arrivée, deux jours d’hôtel gratuits, durant lesquels les immigrants reçoivent la nationalité israélienne. «Ensuite, direction le grand bain. Sans bouée de secours, ni béquille. Chacun pour soi et Dieu pour tous», raconte Michaël avant de parler surtout boulot. Une place de maître d’hôtel à la résidence de l’Ambassadeur de France trouvée très rapidement. Il la quittera un an et demi après, parce que son but c’est de s’immerger dans la vie israélienne : «à la Résidence, c’était formidable : un bon travail, un environnement francophone, bref la France en Israël. Mais moi, ce que je voulais, c’était devenir totalement israélien et pour cela je savais que la clef c’était l’hébreu.»
Là encore, une occasion se présente : un emploi de chef de salle dans un restaurant de Tel-Aviv «Un premier mois horrible. Je ne comprenais rien ; j’avais perdu tous mes repères…» Finalement, il s’habitue et parle couramment l’Hébreu.
Actuellement, Michaël est le directeur de «Courcelles», une pâtisserie française au n° 1 du très branché Boulevard Rothschild. Des semaines de 70 heures, pour cet homme aujourd’hui marié et père d’un petit Joseph. Somme toute une installation réussie, avec à la clef, «moins de luxe mais une meilleure qualité de vie.»
Pourtant, qu’on ne s’y méprenne pas ! ça n’était pas gagné d’avance : «Ici, c’est une autre mentalité. Beaucoup plus brut de décoffrage. Pour s’adapter, un impératif : oublier comment on vit et travaille en France. Ici, il faut se battre deux fois plus… Rien n’est facile. Tout est à réapprendre.» D’où les conseils de Michaël à ceux qui envisagent d’émigrer : «On ne vient pas en Israël pour fuir un problème mais par conviction. D’où l’importance, avant de partir, de bien réfléchir. Même si vous êtes venus souvent en Israël, une Alyah ça se prépare…» Autrement dit, fini le temps des vacances. Bonjour la réalité du pays.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/17/2050950-ces-juifs-toulousains-qui-ont-choisi-israel.html

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*