Eté 2016: les dernières découvertes de l’Institut d’archéologie de l’Université de Tel-Aviv

A l’occasion de la fin de la saison des fouilles de l’année 2016, l’Institut d’archéologie de l’Université de Tel-Aviv, le plus grand département d’archéologie d’Israël classé parmi les 100 premiers du monde, a présenté  les découvertes de ses derniers chantiers lors de sa sixième conférence annuelle le 3 novembre, devant un auditoire de 300 personnes.
Fouilles à Meggido
Fouilles à Meggido

Des ânes de la colline des esclaves de Timna au retour prochain sur le rocher de Massada, en passant par la tombe royale de Megiddo, les strates archéologiques de la Cité de David, et un voyage au centre de la terre dans la grotte de Qesem : les dernières nouvelles du pays de la Bible.

Les fondeurs de cuivre de l’âge de fer qui faisaient fonctionner les fours il y a 3000 ans dans la plus ancienne mine de cuivre connue au monde, celle de la Vallée de Timna, au cœur de la plaine de l’Arava en Israël, étaient non pas des esclaves mais des ouvriers respectés et hautement qualifiés. On le savait depuis les fouilles effectuées l’an dernier par les Dr. Erez Ben-Yosef et Lidar Sapir-Chen. Mais comment étaient transportés les produits commercialisés dans toute la contrée au 10e siècle avant JC ? D’après leurs recherches en zooarchéologie, les premiers animaux de trait de la région, bien avant l’apparition des chameaux étaient les ânes. D’après les vestiges organiques trouvés (os, poils et crottes), les ânes étaient logés dans des enclos entourés de clôtures de bois situés à proximité de la porte du mur d’enceinte. Ils étaient bien nourris et mangeaient du foin et des pelures de fruits, signe de l’importance qu’on leur accordait comme « véhicule » principal du commerce “international” dans la région.

Tombeau royal et examens d’ADN

Le Prof. Israël Finkelstein dirige depuis plus de vingt ans le chantier de fouille de Tel Megiddo, l’un des plus importants sites archéologiques d’Israël, situé dans la vallée de Jezréel et recouvrant 7000 ans d’histoire. Cet été, 9 échantillons d’ADN ont été prélevés sur le terrain et envoyés notamment au laboratoire de l’Université de Harvard, dans le but de cartographier les populations de la région au 16e siècle avant J.C., âge du bronze, période où l’empire égyptien régnait sur le pays de Canaan. Les équipes du Prof. Finkelstein ont en effet mis à jour un ensemble de tombeaux, dont un qu’ils ont surnommé le « tombeau royal », composé d’un long couloir (dromos) conduisant à une chambre funéraire contenant les restes d’un homme, d’une femme et d’un enfant, des tessons de poterie en terre cuite et de nombreux bijoux en or et ivoire. Situé à proximité du palais, ce tombeau monumental est l’un des plus grands et des plus riches de la période retrouvés en Israël, mais les chercheurs pensent en fait avoir retrouvé une sorte de cimetière royal qui aurait existé pendant plusieurs siècles. Enfin, les fouilles ont dévoilé un ancien sanctuaire qui aurait été démantelé par la suite.

Parmi les études entreprises sur le chantier de Megiddo, on peut signaler une recherche en archéobotanique et parasitologie du Dr. Daphna Langot, qui a analysé des vestiges d’aliments, de parasites et d’échantillons osseux prélevés dans le tombeaux, concluant que les personnes enterrées là n’avaient pas de maladie intestinale, et que leur état de santé général était bon ! L’analyse des restes de charbons retrouvés dans la tombe dévoilent la présence de myrte, de laurier et d’olive, témoignages de rites mortuaires. Des vestiges de cèdres, de caroubes, de myrte et de sauge indiquent l’existence probable d’un jardin à proximité du palais, signalant que l’environnement était habité par la classe aisée de la population. Enfin d’autres vestiges organiques suggèrent la présence de latrines, à priori également réservées aux riches…

Datation au carbone 14 de la Cité de David

Malgré son importance sur le plan de l’archéologie biblique, la ville de David n’avait pas fait l’objet de fouilles universitaires depuis celles menées par Yigal Shilo dans les années 80. Selon le Dr. Yuval Gadot, qui a repris le chantier en 2012, “Jérusalem est toujours au centre de débats archéologiques”. La Cité de David, site de l’ancienne Jérusalem avant l’exil à Babylone, n’est pas un tell (colline artificielle formée par les différentes couches d’habitations humaines, véritable trésor pour les archéologues), ses vestiges sont généralement mal conservés et difficiles à dater, à l’exception de la zone dite E, située à proximité du tunnel de Siloé. Le projet du Dr. Gadot est de reprendre les coupes archéologiques laissée à l’abandon depuis les fouilles d’Yigal Shilo pour dater au carbone 14 les différentes strates archéologiques de la ville de David depuis la période du bronze ancien (3500- 2350 ans av JC) jusqu’à celle de l’âge de fer tardif (1000-900 av. JC), afin de “remettre à l’heure les pendules de l’histoire”, à la veille de la construction du premier temple de Jérusalem, celui du roi Salomon.

Découverte par hasard il y a 16 ans, lors de la construction d’une route, la grotte de Qesem est l’un des sites archéologiques les plus riches et les plus étonnants du Levant. On y a retrouvé, entre autre, les premières traces de l’utilisation du feu par l’homme pour griller la viande, et la preuve la plus archaïque de l’existence d’un type humain, qui est peut-être l’ancêtre de l’homme moderne dans la région, avant même son apparition en Afrique. “La grotte nous surprend à chaque fois de nouveau”, dit le Prof. Ran Barkai, chef du département d’archéologie et des anciennes cultures du Proche-Orient, qui dirige le chantier de fouilles avec le Prof. Avi Gopher. Elle représente une étape culturelle très importante dans l’histoire de l’homme, qui se situe entre l’homo erectus et l’homme moderne et celui du Neandertal, entre 400 000 et 200 000 ans avant notre ère, et qui n’existe que dans la région. La grotte et les vestiges qui s’y trouvent sont dans un excellent état de conservation. Nous continuons de creuser et ne sommes pas encore arrivés au fond. Sur les traces de Jules Verne, la grotte nous invite à un voyage au centre de la terre”.

Les chevaux de Bet Shemesh, et bientôt le secret de Massada ?

C’est maintenant pour la 25e saison que le Dr. Zvi Lederman dirige le chantier de fouilles de Tel Bet Shemesh, important site biblique philistin de la période du royaume de Juda situé à 20km à l’ouest de Jérusalem. Cette année les fouilles ont mis à jour d’étonnants chaudrons géants destinés selon les chercheurs à la préparation de l’huile d’olive en grande quantité, datant de la période philistine, contenant d’énormes pierre de 100 kilos qui étaient disposées sur les olives, elles-mêmes recouvertes d’une couche de branches qu’on brûlaient. Le dispositif pouvait fabriquer jusqu’à 76 litres d’huile en une pression. De même, les chercheurs ont émis cette année la théorie selon laquelle le réservoir souterrain géant d’une contenance de 800 mètres cubes d’eau retrouvé sous la roche était en fait destiné à l’abreuvage des chevaux de la ville fortifiée.

Enfin, le Dr. Guy Stiebel a officiellement annoncé le renouvellement des fouilles sur le rocher de Massada, le site de la rébellion juive contre l’empire romain il y a 2000 ans, à partir du mois de février 2017, après 10 années d’arrêt. Alors qu’on pensait que 95% du potentiel archéologique du site avait été exploité, pour les chercheurs, Massada n’a pas encore livré son secret qui reste à découvrir. Aussi reviennent-ils vers la colline de l’héroïsme juif avec de nouvelles théories et des méthodes de haute technologie mises au service de l’archéologie. A suivre !

Source ami-universite-telaviv

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2 Comments

  1. Mais… Bon sang mais c’est bien sûr ! Megiddo, Massada, David et Jérusalem c’est l’histoire des arabes musulmans “palestiniens” ça… ahahahah !

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