Politique : les papys font de la résistance

Nos élus peinent à se renouveler, au risque de voir les électeurs renverser un jour la table. Paradoxe : dans les sondages, les vieux sages sont plébiscités.

Palais du Luxembourg (Paris VIe). Paul Vergès, le doyen du Sénat (au centre), est âgé de 90 ans. (MaxPPP/Xavier de Torres)
Palais du Luxembourg (Paris VIe). Paul Vergès, le doyen du Sénat (au centre), est âgé de 90 ans.
(MaxPPP/Xavier de Torres)

Triste symbole. Tandis que les sémillants trentenaires des mouvements citoyens Podemos et Ciudadanos se frottaient dimanche aux urnes en Espagne, un ancien faisait son come-back en France : Bernard Tapie, 72 ans. Notre classe politique, dominée par les seniors et papy-boomers, ferait-elle la sourde oreille ? Le message des régionales était pourtant limpide. Les électeurs ont soif de nouvelles pratiques et de nouveaux visages. Le match retour annoncé pour la présidentielle entre François Hollande — au PS depuis 1979 — et Nicolas Sarkozy — élu depuis 1983 — ne les fait pas rêver.

Une gérontocratie ?

Ils ont le sentiment de voir les mêmes têtes depuis des décennies. Et pour cause ! Sur les photos des années Mitterrand, Ségolène Royal, Laurent Fabius et Michel Sapin étaient déjà ministres. Au Sénat, le doyen Paul Vergès culmine à un vénérable 90 ans. Vous avez dit gérontocratie ? Aux électeurs aussi de balayer devant leur porte. S’ils réclament du sang neuf, ils ont tendance, une fois dans l’isoloir, à préférer les élus expérimentés. Il n’est qu’à voir Alain Juppé, 70 ans, chouchou des sondages.
Les innombrables rapports parlementaires qui préconisent de fixer un âge limite pour être candidat prennent la poussière. Fin 2011, Arnaud Montebourg avait proposé de fixer une barre à 67 ans. En juin, une étude suggérait de mettre les élus à la retraite à 70 ans. Lesquels ont aussitôt crié au « jeunisme » et au « racisme antivieux ». Ils n’ont pas tort. Car c’est moins l’âge de leurs artères qui pose problème — on peut avoir envie de s’engager pour son pays après une carrière — que le cumul des mandats dans le temps. Le président n’a droit qu’à deux quinquennats. Les maires ou parlementaires peuvent enchaîner à vie. Plus fâcheux, ils peuvent cumuler les pensions de retraite, sans aucun plafond.
Voilà deux axes de réforme majeurs pour redonner aux Français le goût de la chose publique. Faute de quoi, il faudra s’habituer à ce qu’une écrasante majorité de jeunes ne se déplace pas pour voter.
@NathalieSchuck
longévité
http://m.leparisien.fr/politique/politique-les-papys-font-de-la-resistance-21-12-2015-5391357.php

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